vendredi 8 août 2014

Neighbours (Nos pires voisins)

Comédie US de Nicholas Stoller - 1h37
Avec Seth Rogen, Rose Byrne, Zach Efron, Dave Franco

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C'est confirmé, JJ Abrahms a pris une direction artistique inattendue pour le prochain Star Wars. Attendez-vous à des surprises pour les duels de Jedis ...

Nicholas Stoller derrière la caméra, Seth Rogen devant : l'affiche est forcément un peu alléchante si l'on aime les bonnes vieilles recettes de la maison Apatow. Alors oui on aurait peut-être préféré Greg Mottola à la réalisation et Nicholas Stoller ne se déplace normalement jamais sans son Jason Segel au scénario et/ou devant la caméra mais ça n'empêche pas la formule de marcher à peu près comme d'habitude pendant la première partie du film. Des bons gros gags bien gras flirtant toujours près de cette fameuse ligne rouge entre l'hilarant et le juste vulgaire, de l'énergie et de la weed à revendre, Seth Rogen qui prouve qu'il est bien un des monstres de la comédie US contemporaine, Rose Byrne qui prouve encore une fois après American Trip mais surtout Mariage à l'anglaise qu'elle sait allier charme et pitreries*, ... , tout est à peu près là.

* ce qui est certes un peu réducteur mais malheureusement un peu la seule place accordée aux femmes chez Apatow, qui reste hélas un cinéma complètement crypto-réac comme le prouve d'ailleurs le fait que bobonne reste forcément à la maison pendant que monsieur va jouer à l'employé de bureau en fumant des spliffs.

Bon c'est vrai que l'on a un peu l'impression d'être dans une bizarre rencontre entre 40 ans mode d'emploi et Project X sans bien comprendre si l'on n'est dans une farce pour teenagers ou pas, et qu'on ne saisit pas exactement ce que Zac Efron vient faire là et s'il a une autre place dans ce film que celui de cliché sur patte mais bon tant pis, l'important ça reste de se marrer. Et les bébés qui reniflent des préservatifs c'est quand même marrant non ? Alors pourquoi pas.

Le souci, c'est que Neighbours, à la différence de la quasi-totalité des films de la bande à Apatow, n'a cette fois pas été écrit par Stoller, Roger, Segel, Evans and co. Et ça se voit, un peu dans les vannes, pas toujours aussi percutantes que d'habitude, mais surtout dans le scénario, franchement très limité en dehors du principe de montrer des grosses teufs de fou à côté de la gentille maisonnée pleine d'amour de Seth Rogen et Rose Byrne. Rapidement, on se rend alors compte que Nicholas Stoller n'a plus vraiment grand chose à nous montrer, ne sait plus où aller et finit donc inexorablement par complètement tourner en rond. Les bonnes vannes se font de plus en plus rares, l'énergie et le rythme s'épuisent sans que Stoller semble pouvoir y faire grand chose et l'on a bien compris que ce sera bientôt la fin et que, contrairement à la dernière prouesse de la bande du même nom, on ne risque pas de beaucoup se marrer.

Car oui on savait déjà de toute façon que les films Apatow et assimilés avaient toujours une vilaine tendance à finir en eau de boudin et miévreries diverses et variées, histoire de rappeler quand même que Mr Apatow est un bon amerloque républicain qui aime bien se marrer mais sait où sont les vraies valeurs. Triste. Encore plus triste ici car le final de Neighbors est vraiment une immondice sans nom avec sa pseudo-morale de supermarché qui a l'air de sortir de la bouche d'un candidat de Secret Story, et si l'on n'adorait pas les blagues de maternelle on serait bien tenté de déchirer notre place et ne jamais revenir. Mais bon il faut parfois faire des concessions, ça aussi c'est triste mais c'est comme ça (merde moi aussi je fais des fins à la Apatow maintenant).

Au-delà de ce raté trop prévisible, on regrettera aussi que Nicholas Stoller ne prenne finalement jamais le temps de nous expliquer quel était l'intérêt de débaucher Zac Efron, alors que ce mec, aussi puant qu'il en est l'air, est quand même un vrai symbole de la pop culture teen à lui tout seul avec lequel il y avait sûrement moyen de faire quelque chose de plus grand. Alors que quelques flashs laissent un moment croire que l'on pourrait presque se retrouver dans une espèce de réflexion sur l'insondable bêtise et tristesse de la vie de college boy US, un peu à la Spring Breakers, Stoller et ses scénaristes rebroussent vite chemin pour se contenter de filmer ses biscotos bien huilés et laisser la subtilité bien au fond du placard. Du duel promis, ils ne livrent alors qu'un monologue vite creux et pas toujours tordant, Zac Efron et ses boys n'étant finalement ici que comme de bêtes épouvantails juste là pour rappeler qu'il faut rester sérieux quand même hein.

Tout le drame, même si je me suis quand même souvent bien marré n’exagérons rien, est donc là. Moins drôle que la plupart de ses prédécesseurs, ce dernier produit de la maison Apatow n'offre pas grand chose en remplacement et donne en partie raison à ses détracteurs qui n'y verront qu'une usine à vannes puérils sans autre raison d'être. Un retour à zéro un peu bête alors même que le dernier Stoller (5 ans de réflexion) avait pourtant lui eu la bonne idée d'être étonnamment pas si bête que ça. Le futur nous dira alors si les insuffisances ce Neighbors ne sont que le fait de scénaristes un peu limités ou le symptôme plus profond des limites mêmes de la fabrique Apatow.

Note : 6,5 (Barème notation)

La bande-annonce


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