mercredi 30 avril 2014

Cette semaine sur mes écrans : 30 avril - 6 mai 2014

Comme je n'ai pas grand chose à présenter cette semaine, je vais quand même dire quelques mots des films que je n'irais pas voir.

The Amazing Spider-Man : déjà vu il y a dix ans. J'ai certes une carte illimitée mais aussi une fierté.
Barbecue : après le succès de Camping, voilà maintenant Barbecue. A quand Apéro, le cinéma français n'en a vraiment pas lui, de fierté.
Last Days of Summer : avec Jason Reitman, tout empire. Juno c'était mignon, In the air un peu con, et voilà que ce Last Days of Summer offre une des bande-annonces les plus ridicules de l'année avec une copie à peine croyable de la scène de poterie de Ghost dans une salade de fruits. Véridique.

Et bam 50% de clics en plus ! Ah ah !


Cette petite défoulade gratuite passée, j'ai quand même 2 films dans le viseur, que voici :

Pas son genre
Comédie romantique - Belgique / France (1h51)
Réalisé par Lucas Belvaux
Avec Émilie Dequenne et Loïc Corbery
Ce film peut tout à fait être une ânerie absolue mais le pitch à La Vie d'Adèle (sans le côté queer), deux mondes sociaux qui se rencontrent par accident et par amour, m'intéresse en soi assez pour tenter le coup. C'est en plus l'occasion de revoir Emilie Dequenne après l'excellent mais un peu traumatisant A perdre la raison, et celle de découvrir Loïc Corbéry, un comédien qui ne devrait pas être complètement dégueulasse puisqu'il vient de notre Comédie nationale. Je n'ai pas vraiment compris si tout ça tournait au drame, ce qui serait plutôt une bonne idée histoire de ne pas faire dans le mélo à la Plus belle la vie, ou si on restait dans la comédie romantique un peu trop basique mais pour une fois qu'une bande-annonce ne met pas toutes les cartes sur la table, soit, je suis prêt à sauter dans le vide. Gare à l'atterrissage.



Conversation animée avec Noah Chomsky
Documentaire - France (1h28)
Réalisé par Michel Gondry
Avec Noam Chomsky et Michel Gondry
Le talent c'est aussi l'art de se renouveler sans cesse, et de ce côté là Michel Gondry a tout compris. Passant du coq à l'âne depuis plus de dix ans, le petit surdoué du cinéma français (si tant est qu'il appartienne au cinéma français) a depuis longtemps choisi d'avancer, d'innover et d'essayer quitte à se tromper, et surtout de ne jamais soucier de l'air du temps, ce qui est sûrement la plus belle des libertés. Quelques mois après sa très risquée adaptation de L'écume des jours, il choisit encore une fois de partir en terre inconnue avec cet étonnant exercice de style : un entretien/documentaire avec Noam Chomsky agrémenté de longues séquences de film d'animation pour alléger un peu le propos, forcément très dense. Une expérience assez unique qui offre l'occasion de découvrir une des dernières grandes figures intellectuelles de notre époque, et repousse toujours plus loin les limites de ce qu'on appelle cinéma. Monsieur Gondry, vous êtes un bel effronté, ça ne vous mènera pas loin.



 Voilà, j'espère pouvoir vous compter parmi les 13 spectateurs français qui iront voir le film de Michel Gondry, ce qui démontrerait que j'ai une influence assez gigantesque sur les cinéphiles de ce pays.


Bonnes séances quoi qu'il en soit, sauf si vous allez voir Barbecue. Je vous la souhaite exécrable dans ce cas.


Le potentiel érotique de cette scène ne vous aura pas échappé.


lundi 28 avril 2014

Une rencontre : le choix de Sophie



Après le très adolescent Lol, Liza Azuelos campe sur ses positions et transpose ses amourettes juvéniles dans l'univers des grands avec Une rencontre entre sa désormais actrice fétiche Sophie Marceau et François Cluzet. Encore une fois construit et réalisé comme un long clip vidéo débordant autant d'énergie que d'innombrables clichés, cette rencontre peut faire sourire si l'on s'abandonne complètement à cette charmante comptine, plus maladroite que mal intentionnée, comme un ado en somme.

La perspective de bonnes récoltes de maïs et de blé est toujours célébrée comme elle se doit dans les rues de Paris


Le dimanche, c’est l’heure de la romance.

Le dimanche, plus rien ne compte et nous sommes tous de paisibles bourgeois parisiens détachés des bassesses matérielles, uniquement occupés de l’amour et du compte Facebook de leurs charmants bambins, si spirituels et malins dans leur révolte d’adolescents ordinaires. Dans cet univers enchanté où l’on est évidemment beau et riche, parce que c’est ainsi, on n’oublie enfin les contingences de la vie quotidienne et on se laisse aller à une douce rêverie où les grands sentiments et les belles choses vivent en liberté et sans entraves, seulement interrompue quand il faut bien aller chercher ses charmants bambins envoyés à Londres ou en pension pour voler de leurs propres ailes. Alors l’on aime, enfin.

Ringard ? Oui, ringard peut-être mais ringard avec Sophie Marceau.

Car oui Sophie Marceau est là parmi nous, la seule et l’unique, courant allègrement sur ses 50 ans sans une once de regrets mais toujours avec ses airs de jeune première, éternelle garantie du génie français. La grande Sophie, fille de mime, fille de France et de tous les Français, et qu’il faudra bien nationaliser un jour si l’on ne veut pas qu’elle prenne par un beau matin brumeux un taxi direction Roissy pour aller elle aussi visiter la grandeur toute slave des palais russes. Sophie Marceau, imaginaire nationale à elle toute seule, qui garde bien caché dans un coffre suisse le secret de son éternel sourire juvénile mais qui offre à l’occasion sans retenue la vue de sa toute aussi iconique poitrine qui fit rêver de la Croisette à Alain Souchon, dernier des Marceauphiles, parce qu’elle appartient à chacun de nous, tout simplement. Sophie Marceau, moderne Marilyn qui ne nous abandonnera elle jamais, femme de défis et femme de cœur, qui comprit tellement bien celui des hommes qu’elle donna un jour le sien à Christophe Lambert, alors dernier des derniers, par-là sacré premier des premiers. Sophie Marceau donc, notre mère, notre sœur, notre femme, notre amie à tous.

Et puis, tout penaud d’abord, François Cluzet passe aussi par là. Lui le Cluzet, roi des Bougons, tribu installée dans le royaume de France depuis des temps immémoriaux, et qu’il gouverne avec sagesse et magnanimité, car les Cluzets sont des mecs géniaux, au fond. Alors qui mieux que lui, François si bien prénommé, premier des hommes de la rue et de cette espèce d’ours qui finissent par se faire peluches, qui mieux que lui pour enfin offrir à notre Sophie ce choix qui la taraudait depuis si longtemps, elle qui a tout mais finalement rien, car les héros ne vivent que pour les autres.

Alors enfin, loin du chômage et des déficits apparaît immense dans le ciel ce mot, simple et insondable à la fois, que Sophie et François nous offrent comme le parfait clin d’œil d’un soir d’été le long de la Seine, simple prolongement d’un des 1001 sourires de Sophie : amour. L’espace disparaît alors, la matière se rétracte pour laisser toute la place aux seuls sentiments, même le cinéma s’arrête comme gêné devant tant de beauté primaire et Sophie et François s’aiment, seuls mais au milieu de nous tous.

Quelle belle journée que le dimanche.

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A part ça, ça n’est bien sûr pas terrible mais c’est un film de Liza Azuelos avec Sophie Marceau, vous vous attendiez à quoi ?


Note : 5 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : Pas son genre



Étonnant le choix de cet endroit, on ne s'y attendait pas du tout.


samedi 26 avril 2014

States of Grace : la rengaine du bonheur



Chaque année apporte son lot de petits films américains sympatoches à la fois un peu marrants et un peu émouvants, et bien sûr tellement attendrissants. States of Grace est en quelque sorte le champion 2014 de cette catégorie permettant régulièrement au cinéma US « indépendant » de titiller un peu son grand frère mainstream, histoire de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Au rayon des recettes il n’y a pourtant parfois pas tellement de différences entre l’un et l’autre, l’art des bonnes grosses ficelles étant apparemment très bien assimilé des deux côtés.

Rouler bourré en vélo à 4 heures du matin : certaines s'en sortent plus dignement que d'autres


J’avais déjà fait part il y a quelques moins dans la critique de I usedto be darker de mes doutes quant à l’intérêt profond d’un certain cinéma indépendant américain ayant pris la sale habitude de se complaire dans l’ennui et l’apathie. Je ne vais donc pas me répéter, et States of Grace n’est pas non plus un complet désastre de toute façon, mais l’idée est là : il ne suffit pas de faire des petits films indépendants libres de l’emprise de la grosse machine hollywoodienne pour qu’ils soient géniaux, même si l’intention est évidemment louable.

Inexplicablement encensé comme la huitième merveille du monde par nombre de festivals et de critiques, States of Grace n’est en effet pas grand-chose de plus qu’un énième gentil film sur de gentilles personnes un peu, bon oui d’accord beaucoup traumatisés par la vie, et qui vont, ô surprise, apprendre à surmonter leurs peurs et ouvrir leurs cœurs aux autres.

S’il a tant conquis, c’est peut-être parce que le premier long-métrage de Destin Cretton, et c’est assez logique au fond pour une première fois, est un film profondément scolaire, qui ne nous épargne aucun passage obligé pendant 100 minutes s’apparentant parfois plus à une récitation qu’autre chose. Inondé de lumière, à un tel point que l’on finit par se demander si tout cela est bien filmé sur notre planète, States of Grace aligne à peu près tous les clichés possibles et imaginables sur l’enfance maltraitée tout en multipliant à l’infini les mêmes effets de caméra, et notamment un nombre incalculable de floutages dont son réalisateur use et abuse à chaque fois qu’il veut souligner la solitude et la détresse d’un de ses personnages.

En plus de ce cadre finalement très convenu, et à l’exception de quelques courtes scènes où l’intensité monte un peu, il faut hélas aussi dire que le scénario de States of Grace est bien léger, et qu’adapter un court-métrage que l’on a déjà soi-même réalisé pour en faire un long-métrage n’est pas forcément l’idée de l’année. Si tout tient à peu près debout grâce à un casting très investi et une réalisation très (trop ?) propre sur elle, difficile tout de même de voir là-dedans grand-chose d’autre qu’une accumulation plus ou moins subtile de bons sentiments, où tout le monde reste quand même très gentil en dépit de quelques écarts de conduite.

Et le problème est sans doute là, avec States of Grace comme avec nombre de ses congénères. Malgré tous les efforts de Destin Cretton pour instiller un peu de noirceur et de complexité dans son discours et son récit, son film reste au fond désespérément gentillet, tout étant évidemment bien qui finit bien. Si ça n’est certes pas un défaut en soi, quoique, c’est tout de même un peu léger pour faire un chef d’œuvre du septième art, surtout quand l’on veut faire un film sur la souffrance.

La semaine prochaine je vous apprendrais comment noyer vous-même un bébé panda.



Note : 6,5 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : Une rencontre



Les derniers championnats du monde de cross-country ont couronné un très beau champion à la foulée certes assez atypique


vendredi 25 avril 2014

Night Moves : la bombe humaine



Foyer d’une certaine contre-culture aux États-Unis qui de Seattle à Portland nous a notamment légué Nirvana et Gus Van Sant, le Northwest américain est logiquement le théâtre du dernier film de la jusque-là discrète Kelly Reichardt. Si Night Moves n’est certes pas vraiment, ou pas complètement, un film militant, on y retrouve néanmoins un certain engagement dans la forme, qui dit aussi quelque chose sur la face alternative de l’oncle Sam.

Encore un bateau plein de sales immigrés prêts à débarquer en France. Ils ont vraiment une sale tête.


J’aurais aimé que Night Moves ne dure qu’une heure, ça m’aurait permis d’écrire une critique parfaitement élogieuse et sans aucune ambiguïté, ce qui aurait été cool parce que les ambiguïtés compliquent tout, même mon travail. Tant pis.

Pendant une heure durant donc, jusqu’au fameux attentat (ça n’est pas vraiment un spoiler puisqu’on comprend tout cela au bout de 2 minutes, je ne suis pas vicieux à ce point), Night Moves est en effet d’une maîtrise assez impressionnante, et plus important encore d’une étonnante cohérence entre sa forme et le discours porté à l’écran.

Faussement simple, faussement lent, l’œuvre de Kelly Reichardt est en réalité très habilement réalisée et parfaitement rythmée, le séquençage du film nous emmenant inexorablement vers la violence de l’issue finale tout comme ses héros semblent pris au piège de leur propre projet, incapables de freiner sous peine d’exploser en vol. Il y a dans cette économie de moyens complètement réfléchie au fond quelque chose de l’écologie de combat de ces trois activistes, l’absence d’artifices, d’une musique trop présente ou de dialogues trop verbeux laissant toute la place à l’événement central, seul sujet du film : l’attentat.

La réussite de Night Moves est alors de parvenir à complètement se centrer sur la tension menant à l’explosion finale, autant perceptible dans la crispation physique de ses anti-héros que dans le refus de s’attarder en route cinématographiquement parlant, Kelly Reichardt évitant à peu près toute digression ou scène à rallonge, soulignant ainsi la fatalité des événements. Ce suspense au sens littéral du terme, qui force le spectateur à constamment réfléchir à ce qui va arriver après alors qu’il est encore dans le pendant, est aussi rendu possible par une direction d’acteurs très intelligente, aucune « performance » gratuite ne venant se mettre en travers de l’unique objectif enjeu du film : contempler le calme avant l’explosion. Le thriller à l’état pur, là encore au sens littéral du terme.

C’est aussi parce que Night Moves est pendant une heure d’une intransigeance formelle totale qu’il captive autant, le regard pénétrant d’un Jess Eisenberg décidément au-dessus du lot dans l’industrie actuelle n’étant pas non plus pour rien dans ce tour de force. Complètement en accord avec les actes de ses héros, la réalisation de Kelly Reichardt semble en cela presque épouser leur cause, parvenant progressivement à hypnotiser le spectateur qui finit par se persuader qu’il va lui aussi aller faire sauter des barrages dans l’arrière-pays de l’Oregon et sauver les saumons de l’exploitation capitaliste.

Il aurait finalement été formidable que Night Moves se clôture quelques instants seulement après le grand fracas, et peu importe d’ailleurs avec quelle morale ou tentative de morale. Mais pas la peine de le déplorer plus longuement puisque Kelly Reichardt était de toute façon enchaînée à un texte, celui du livre The Monkey Wrench Gang ayant inspiré son film.

Peu importe que le film respecte le livre, ça n’est pas le sujet et je m’en fiche de toute façon éperdument puisque je n’ai pas lu le livre, mais forcé de constater, c’est mon sentiment en tout cas, que Night Moves finit par traîner en longueur dans une dernière partie qui n’est certes pas totalement inintéressante mais bien moins captivante, voire presque prévisible. Le retour à une classique étude des sentiments n’apporte en effet pas grand-chose à un film qui avait déjà largement trouvé sa raison d’être dans sa première partie, et finit par diluer toute l’audace de ses débuts dans un récit et une réalisation plus convenues. Si aucune faute de goût n’est proprement à déplorer, il ne s’agit pas là de parler de raté, quelque chose de la subtilité semée pendant une heure s’égare un peu en chemin et laisse finalement une impression mitigée une fois le véritable dénouement intervenu, ce qui est aussi dommage qu’injuste pour une œuvre qui ne mérite quand même pas cette forme de cruauté.

Mais Night Moves aurait pu être un des chefs d’œuvre de l’année et n’est sans doute au final qu’un assez bon film, et c’est là son plus grand crime, qui prouve décidément que tout est relatif et que l’on n’est jamais aussi dur qu’avec les gens qu’on a le plus aimé.

PS : encore plus que d'habitude, la note donnée à ce film n'a pas vraiment de sens en soi et représente plus une moyenne de ses différentes parties qu'autre chose. J'imagine bien que vous étiez de toute façon convaincus depuis un moment que mon barème ne rimait à rien, et vous n'avez pas complètement tort. 


Note : 8 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : States of Grace


Pour ceux qui ont un doute, cette scène ne finit pas comme Sur la route avec Kristen Stewart, Garrett Hedlund et Sam Riley. Bande de pervers.



jeudi 24 avril 2014

Hourrah !

SLETO fête ses premiers 100 abonnés sur Twitter.
(Il est évidemment toujours temps pour vous de participer à ce mouvement de masse en vous abonnant ici).

Ce chiffre n'a pas vraiment de sens et je n'ai d'ailleurs toujours pas tellement compris comment utiliser Twitter à plus de 0,5% de ses capacités mais je me disais que le passage de cette barre symbolique méritait bien un post.

C'est fait.
La communauté Twitter de SLETO atteint des niveaux d'engagement numérique jusque là jamais mesurés sur le net (chiffres Médiamétrie).


Dans un prochain post, je reviendrais plus en profondeur sur mon plus beau succès, à savoir le très bel hommage d'Allociné qui s'est récemment donné la peine de m'envoyer ce merveilleux mail suite à ma critique de Les grandes ondes (à l'ouest) posté sur leur site (car oui, vous pouvez aussi retrouver SLETO sur Allociné, nos deux marques ayant décidé d'un commun accord de fusionner, la preuve ici).

"Votre critique contient des propos hors charte qui ne sont pas autorisés sur notre site : "dans un pays où l’on vote pour tout et n’importe quoi avec un accent ridicule et des caves pleines de tableaux confisqués aux juifs dans les années 30." Merci de les supprimer de votre critique."*

C'est à ce jour ma plus belle réussite.

En vous souhaitant de délicieux moments sur Twitter, si vous n'avez rien d'autre à faire,

Moi
(Le médiateur étant en vacances, je fais son boulot à sa place)


* Petite mise au point : pour ceux qui n'ont ni vu le film ni lu la critique, et c'est dommage (surtout la critique qui était évidemment excellente), je parlais bien entendu de nos chers voisins helvétiques. Toutes mes excuses à nos lecteurs suisses par la même occasion, qui doivent apparemment être meurtris par ces propos insoutenables. Malgré tous ses défauts, votre beau pays a en effet tout de même de bien belles banques, comme me l'a récemment confié le trésorier de SLETO avant d'être mis en garde-à-vue pour une affaire qui ne nous regarde en rien.

lundi 21 avril 2014

Cette semaine sur mes écrans : 23-29 avril 2014

Les sorties de cette semaine ont étrangement l'air de fonctionner par duo. Je vais donc pouvoir gagner un temps fou à vous les présenter, rapidement d'ailleurs pour la plupart d'entre elles.

Duo "On montre nos flingues et nos gros muscles sur l'affiche"
Brick Mansions : du cinéma d'action US aussi fin que d'habitude, avec pour une des dernières fois à l'écran Paul Walker, et son étonnant répertoire.
96 heures : un thriller français sensé être plus intelligent avec Gérard Lanvin et Niels Arestrup. Ça reste à démontrer.

Duo "Comédie française douce-amère à la fois drôle et touchante"
Une rencontre  : dernier film de Liza Azuelos (Lol), avec encore Sophie Marceau, et François Cluzet dont on ne voit pas bien ce qu'il vient faire là-dedans.
Dans la cour : improbable rencontre de Catherine Deneuve et Gustave de Kervern, deux êtres apparemment diamétralement opposés mais qui vont pourtant apprendre à se connaître et s'apprécier. Un pitch aussi rafraichissant qu'original.

Duo "Film français OVNI"
Un voyage : dernier film de Samuel Benchetrit,  toujours avec Anna Mouglalis. Un couple largue tout pour tester son amour, et la résistance des spectateurs.
Je m'appelle Hmmm... : Agnès B. fait du cinéma maintenant, et filme une gamine qui fait sa fugue avec un routier écossais. Osé.

Duo "Petit film US 'indépendant' qui va cartonner chez les cadres parisiens, les profs et les lycéens, bref chez les intellos"
Parlons-en un peu plus longuement, parce que j'ai bien compris que vous étiez tous des intellos.

Pas évident de passer de Mark Zuckerberg à un écolo mal rasé en sweat vert canard. C'est aussi ça le métier Jess.


Night Moves
Drame - US (1h47)
Réalisé par Kelly Reichardt
Avec Jesse Eisenberg, Dakota Fanning, Peter Sarsgaard
S'il représentait quasiment un genre à part outre Atlantique dans les années 60 et 70, le cinéma de contestation est depuis largement rentré dans le rang aux États-Unis faute de producteurs audacieux, et peut-être d'idées tout simplement, même le cinéma indépendant américain semblant avoir perdu de vue la société pour se concentrer presque exclusivement sur les individus. Cantonné à quelques réalisateurs s'agitant encore dans le vide laissé par l'industrie (Spike Lee, Ken Loach, Gus Van Sant, ...), le genre n'est pourtant pas mort pour autant et accouche encore parfois de quelques bonnes surprises, d'autant plus bonnes qu'elles sont rares, comme avait pu l'être le très personnel Sous surveillance de Robert Redford l'année dernière. C'est dans ce contexte que s'inscrit le Night Moves de Kelly Reichard, qui pourrait presque être un passage de témoin avec l’œuvre de l'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux tant il semble quelque part s'en inspirer, cette histoire d'écologistes perdant le contrôle de leurs actions faisant un peu écho au début du récit de Robert Redford. Une coïncidence finalement assez logique quand l'on sait que c'est une adaptation d'un roman écrit en ... 1975. Il semble bien que l'on invente plus rien ... Quoi qu'il en soit, c'est aussi l'occasion pour une réalisatrice jusque là habituée aux succès d'estime plutôt confidentiels de sauter enfin le pas, bien aidée en cela par le Grand Prix du festival du film américain de Deauville et un casting bien fourni. On guettera en effet particulièrement Jesse Eisenberg qui a l'occasion de s'affirmer encore plus comme l'un des acteurs les plus intéressants de sa génération.



States of Grace (VO : Short Term 12)
Drame - US (1h36)
Réalisé par Destin Cretton
Avec Brie Larson, John Gallagher Jr., Kaitlyn Dever
Aussi étonnant que cela puisse paraître quand on voit le nombre impressionnant de récompenses et de nominations qu'il a accumulé dans les petits et grands festivals du monde entier, States of Grace est un premier long-métrage. Adapté d'un des court-métrages de Destin Cretton réalisé en 2008, il semble reposer en grande partie sur la performance de son actrice principale Brie Larson, qui est un peu partout en ce moment après les récents Don Jon et The Spectacular Now et pourrait bien rapidement connaître une explosion médiatique à la Jennifer Lawrence. Visiblement dans la droite lignée de toute la récente mode des films US indépendants doux-amers fascinés par les losers, il reste à espérer que ce States of Grace ressemble plus au joli The Spectacular Now qu'au soporifique I used to be darker. En cas de bons sentiments ostentatoires, je serais bien sûr impitoyable puisqu'il faut lutter de toutes nos forces contre l'idée que la gentillesse puisse un jour vaincre.



Comme vous l'avez compris parce que vous êtes des gens plutôt brillants (pas tellement à la base, mais la lecture de ce blog aide beaucoup), il est plus probable que j'aille voir ces deux films que les autres présentés plus haut. Mais rien n'est à exclure, car la vie est imprévisible. Mais ça reste peu probable.


Excellentes séances à tous,

Comme vous le voyez nous faisons maintenant visiter les locaux de SLETO, le succès populaire étant bien entendu au rendez-vous. Les plus fidèles d'entre vous reconnaitront là nos fameux aquariums.