Supercondriaque, prototype de la lamentable et fatiguée comédie à gros
cachet de et avec Dany Boon, sort le 26 février prochain. Dans cet océan de
médiocrité et de films appâtant le badaud à grands coups de marketing pour les
nuls, un petit village résiste pourtant toujours à l’envahisseur et se bat pour
offrir de temps à autre un objet comique non totalement identifié. Mais d’où sonne
la révolte ? De la Suisse évidemment.
Le remplaçant de Yann Barthès au Petit Journal pour la rentrée prochaine. Tout est dans la moustache. |
En sortant le premier OSS 117 en
2006, Michel Hazanavicus n’a pas seulement permis à Jean Dujardin de se
réserver des petits rôles de français charmeur à accent dans toutes les grandes
productions américaines de la décennie à venir (voir ici, et ici). OVNI du
cinéma français, et qui le reste malheureusement toujours à l’heure où l’on
continue à nous massacrer à coups de comédies bankables écrites avec à peu près
autant d’inventivité qu’un pub pour Colgate, l’œuvre de Monsieur Bénénice Béjo
était la magnifique preuve qu’il est encore possible d’allier exigence
artistique et rire de masse et de faire de la fameuse « comédie populaire »
sans prendre le dit peuple pour un ignare.
Pas vraiment suivi d’effets en France
même si un troisième opus est prévu pour 2015, l’impact d’OSS 117 a
heureusement dépassé les frontières de l’hexagone et c’est donc en Suisse que l’on
retrouve aujourd’hui la trace du beau rire, en la présence du surprenant
dernier film de Lionel Baier : Les
grandes ondes (à l’ouest).
Pourtant peu coutumier du cocasse jusque-là, Lionel Baier signe en effet avec cette étonnante aventure helvético-portugaise une savoureuse comédie écrite avec au moins autant d’intelligence que de légèreté, défi infiniment plus complexe qu’il n’y parait. Comme OSS 117, Les grandes ondes a l’humour habile et une belle vivacité qui lui permettent de ne jamais lasser, chaque scène proposant presque son propre univers et produisant par là même une sympathique impression d’éternel recommencement.
Pas effrayée par le loufoque et l’absurde
mais sans jamais tomber dans le vain exercice de style qui ne s’adresserait qu’à
quelques happy few, la réussite des Grandes
ondes est également rendue possible par un trio d’acteurs parfaitement dans
le rythme comique exigé par le genre parodique. Si l’on connaissait depuis un
moment le potentiel drôlatique de l’ami Michel Vuillermoz même s’il était
surtout jusque-là cantonné aux seconds rôles, la performance de Valérie Donzelli est une très agréable surprise venant d’une actrice plus habituée aux
drames, ou en tout cas peu habituée à ce type de comédies très décalées. Un duo
vedette subtilement complété par le local de l’étape Patrick Lapp, animateur
radio apparemment fameux de l’autre côté du Lac Léman et qui prouve qu’après la
Belgique la proche francophonie reste un formidable filon comique.
A la différence d’OSS 117, il est
à noter que Les grandes ondes fait
également le pari d’une certaine esquisse de réflexion sur la libération du Portugal
et son éventuelle résonance avec l’actualité, la cocasse amnésie de Michel
Vuillermoz ayant alors valeur de symbole dans tout cela. Tantôt d’une tendresse
touchante, tantôt quand même un peu naïve, cette ambition n’est sans doute pas
la partie la plus intéressante de l’œuvre mais ne dessert pas assez l’ensemble pour
vraiment gâcher quoi que ce soit, donnant même une coloration doucement
mélancolique assez agréable au tout.
On pensera pour finir ce que l’on
veut de la conclusion de l’œuvre, pas forcément très subtile. Cela n’enlève
dans tous les cas rien à un film puissamment drôle comme on n’en fait plus
beaucoup dans notre pays et qu’il est quand même regrettable de devoir aller
chercher dans un pays où l’on vote pour tout et n’importe quoi avec un accent
ridicule et des caves pleines de tableaux confisqués aux juifs dans les années
30.
Il est temps de te réveiller
cinéma français.
Note : 8,5 (Barème de notation)
Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce
A suivre : Macadam Baby
La vie avant l'iPhone et la 4G. Merci Steve Jobs. |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire