Premier long-métrage de Patrick Bossard, Macadam Baby a tout du premier film où l’on se demande parfois
quelle initiation suit-on, celle de son héros ou celle de son auteur, si tant
est que la différence ait un sens. Comédie assez enlevée bien que complètement
schématique voire réchauffée, ce galop d’essai a un peu le charme d’un film de
Klapisch qui n’aurait pas franchi les frontières du dix-huitième arrondissement faute de moyens.
Zoey Deschanel n'était pas dispo, il a fallu faire avec les moyens du bord |
Il ne faut pas beaucoup de temps
pour comprendre où Macadam Baby va
nous emmener. Comédie sympatoche un peu dramatique quand même, l’entrée de
Patrick Bossard dans le monde des grands choisit de travailler un thème mille
fois vu mais toujours efficace : la montée à la capitale d’un jeune benêt
naïf mais attachant qui s’apprête évidemment à tomber amoureux de la première
fille venue et à se mettre dans la merde jusqu’au cou pour faire le beau.
A peu près dénué de tout pari de
réalisation et uniquement concentré sur son récit, Macadam Baby ressemble d’ailleurs terriblement à un film oublié de
Cédric Klapisch que celui-ci aurait tourné avant L’Auberge espagnole avant d’essayer de faire tout de même un poil
moins caricatural. D’un héros ressemblant étrangement à son Xavier à la bonne
vieille voix off pour sympathiser avec le spectateur en passant par le coup de
l’appart communautaire à l’arrache, tout y est. Romain Duris mériterait d’ailleurs
presque d’être mentionné au casting tant sa présence hante un film qui aurait
sans aucun doute employé ses services s’il avait été tourné il y a quinze ans.
Tourné presque exclusivement dans
trois pâtés de maison du dix-huitième arrondissement, Macadam Baby a sinon les défauts et les qualités d’un film de potes
tourné dans son quartier, aussi touchant de simplicité et d’honnêteté que
parfois un peu gênant de naïveté et de prévisibilité. Passés quelques passages
obligés dont on se serait bien passé, le film de Patrick Bossard parvient tout
de même étonnamment à ne jamais vraiment tomber dans l’amateurisme et à
dispenser régulièrement de bons moments comiques qui font plus que simplement
passer le temps, ce qui est déjà ça.
En assumant jusqu’au bout son
côté presqu’enfantin, Macadam Baby a
par ailleurs au moins le mérite de la cohérence et finit tout de même par
arracher quelques sourires tendres devant tant de bons sentiments si dénués de
tout cynisme. Pas sûr bien entendu que ces Pieds Nickelés de la butte
Montmartre passent la nuit au Panthéon du cinéma mais ils ne méritent pas pour
autant de finir dans les catacombes des nanars, et c’est déjà au fond beaucoup
pour un premier film prenant à un tel point le parti du cliché.
Quelques mois après la fin des aventures de Xavier, voici peut-être le nouveau Klapisch, prêt à s’embarquer
pour une décennie de films générationnels gentillets. Cher Patrick Bossard, c’est
le moment de trouver ton Romain Duris.
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