Une réponse de notre médiateur à
l’un très nombreux courriers adressés à la rédaction au sujet de l’utilisation
croissante de l’anagramme SLETO, assez représentatif du ton général.
Sachez que la vulgarité ne nous atteint pas, inutile donc de vous donner en spectacle. |
Cher médiateur,
Je remarque que vous utilisez ces
derniers jours de plus en plus l’abréviation SLETO pour nommer ce site et je
n’ai pas peur de vous dire que cela ne me plaît pas. Bien que très pompeuse, ce
qui n’est guère étonnant une fois que l’on a appris à connaître vos contenus,
l’appellation ‘Salles lumineuses et toiles obscures’ avait au moins le mérite
de signaler la vocation cinématographique de ce blog, même si la qualité
d’ensemble de vos articles amène parfois à s’interroger sur ce point mais là
n’est pas le sujet de mon courrier. Comment pouvez-vous justifier l’usage de
cette vilaine abréviation évoquant plus une marque de céréales pour affreux
bambins qu’un média respectable ayant un tant soit peu de considération pour
ses fidèles lecteurs ? Auriez-vous le culot de prétendre que cela n’est
pas la simple conséquence de votre lamentable paresse, qui transparaissait déjà
grandement dans la plupart de vos très peu professionnels articles ? Ne
prenez d’ailleurs même pas la peine de me répondre, cela vous épargnera du temps
ce qui est apparemment votre unique préoccupation et je n’ai de toute façon
aucune envie d’entendre vos pathétiques tentatives de justification.
Je ne vous salue pas.
Amandine Guérideau, Allauch
(Bouches-du-Rhône)
-
Chère Amandine,
Bien que fort peu courtoise,
votre courrier mérite tout de même une réponse car il soulève une question
essentielle. Quoique votre intuition quant à notre prétendue fainéantise puisse
paraître pertinente, la réalité est en fait toute autre, et même précisément
l’inverse de ce que vous pensez.
Sachez ainsi Amandine que la
marque SLETO est historiquement bien plus ancienne que Salles lumineuses et toiles obscures. La vérité est en effet
qu’avant de savoir quel serait l’objet de ce blog et avant même d’avoir pris la
décision définitive de se lancer dans l’aventure des médias, les membres
fondateurs de ce site avaient déjà depuis longtemps la conviction que SLETO
était la seule appellation reflétant complètement leur ambition artistique et
philosophique commune, qui était évidemment immense.
SLETO est effectivement à
l’origine un mot venu du grec ancien (slêtò) signifiant « force et
courage », ou « délice d’agneau » selon la façon de traduire
l’accent sur le o mais nos membres fondateurs ont opté pour la première
solution, le régime végétarien de deux d’entre eux n’ayant guère laissé d’autre
choix. Réunis donc dans la conviction qu’il fallait faire honneur à ce beau
mot, l’équipe dirigeante a d’ailleurs très tôt déposé les statuts de la future
société sous le nom de SLETO, ce que vous pourrez vérifier sans souci au
tribunal du commerce de Nanterre, mais vous n’en arriverez j’en suis sûr
Amandine pas à ce niveau d’impolitesse, ce serait mesquin convenons-en.
Salles lumineuses et toiles obscures ne fut ainsi choisi comme
autre nom du site que dans un second temps, une fois épuisées d’autres idées
qui nous apparaissaient alors plus intéressantes à creuser, ‘Sanitaires lavés
et Toilettes ordonnées’ étant celle qui avait suscité le plus d’espérance parmi
l’équipe mais ayant malheureusement due être abandonnée très tôt à cause d’une
sombre histoire de droits d’auteur avec les magasins Leroy Merlin.
Car il faut bien vous avouer
maintenant Amandine que les membres fondateurs de SLETO n’avaient à l’origine
pas prévu de dédier leur beau projet au cinéma, loin de là, puisqu’outre
l’univers de la salle de bains ils eurent successivement l’idée de se consacrer
à la cuisine malgache, au renouveau du baby-foot en entreprise et à la
réédition des aventures de Oui-Oui, projets n’ayant hélas pas reçu l’adhésion
des banques prêtes à nous suivre dans cette aventure.
Aucun des dirigeants de SLETO,
comme vous avez sans doute pu vous en apercevoir, n’avait en effet la moindre
formation ou expérience dans le septième art, la plupart d’entre eux n’aimant
d’ailleurs pas plus que ça le cinéma encore aujourd’hui. Certains de nos
rédacteurs les plus chevronnés embauchés avant le lancement refusent même
toujours d’aller voir le moindre film en prétextant ne pas en avoir besoin pour
écrire des articles de qualité sur ces mêmes long-métrages, ce qui est certes
discutable mais peut-être préférable au choix fait par d’autres rédacteurs
d’attendre la sortie d’un film sur TF1 pour le chroniquer. Si la qualité
générale de la production s’est toutefois globalement améliorée depuis que nous
avons investi dans une carte UGC Illimité collective permettant à certains
d’entre nous de se rendre parfois en salles et de soulager un peu la bande
passante de l’ordinateur commun de la rédaction, il reste que nous sommes
toujours dans l’obligation de régulièrement refuser la publication de certaines
chroniques peu dignes proposées par quelques-uns de nos collaborateurs, en
atteste le récent papier rendu par l’un deux qui confondait ouvertement Ben
Stiller avec Franck Dubosc. Salles lumineuses
et toiles obscures étant malheureusement la seule appellation trouvée à
temps pour le lancement du site, que nous avons dû avancer de deux mois pour
prouver notre bonne foi à notre banquier convaincu que tout son argent passait
dans le rayon whiskey du Lidl local, le peu de goût d’une partie de la
rédaction pour la cinéma dut s’effacer devant l’impératif commercial, le monde
ayant d’ailleurs de toute façon trop attendu avant de bénéficier de nos avis
éclairés, quels qu’ils soient.
Si plusieurs de nos contributeurs
nous pressent toujours de nous recentrer sur l’univers de la salle de bains
afin de mieux valoriser leur formation à l’ISSP (Institut Supérieur du
Sanitaire de Poitiers), la plupart de nous sommes aujourd’hui plutôt satisfaits
du choix de consacrer notre énergie au cinéma, ne serait-ce que parce que cela
nous a permis de nous foutre de la gueule de Christophe Barbier un bon coup et
que le milieu du cinéma est globalement plus intéressant en termes de présence
féminine que celui de la salle de bains, ce qui nous a forcé à reconsidérer
certaines de nos convictions. Nous avons d’ailleurs aujourd’hui le sentiment
que ce site correspond de plus en plus à l’idée que nous nous en faisions quand
le nom SLETO a jailli dans nos esprits, et qu’il est donc probablement
préférable de s’en tenir au cinéma pour le moment.
Toute cette histoire vous étant
enfin dévoilée, j’espère donc Amandine que cela vous convaincra de notre bonne
foi, et surtout que vous comprendrez mieux toute la signification et la
profondeur de notre projet, magnifiquement résumé par ces deux syllabes, si
vives et poétiques : SLETO.
Force et Courage,
Votre médiateur.
PS : contrairement aux
rumeurs persistantes répandues par des individus mal intentionnés, Force et
Courage n’a jamais été la devise des SS sous le Troisième Reich. Son
utilisation par les troupes japonaises en Corée au début des années 40 est
certes toujours débattue par les historiens mais cela n’altère en rien la force
de son message, à notre sens profondément humaniste.
Une des premières occurrences de "sleto" sous Google Images. On retrouve là le même souci de l'élégance alliée à la fonctionnalité. |
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