Chaque année apporte son lot de petits films américains sympatoches à
la fois un peu marrants et un peu émouvants, et bien sûr tellement
attendrissants. States of Grace est
en quelque sorte le champion 2014 de cette catégorie permettant régulièrement
au cinéma US « indépendant » de titiller un peu son grand frère
mainstream, histoire de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Au
rayon des recettes il n’y a pourtant parfois pas tellement de différences entre
l’un et l’autre, l’art des bonnes grosses ficelles étant apparemment très bien
assimilé des deux côtés.
Rouler bourré en vélo à 4 heures du matin : certaines s'en sortent plus dignement que d'autres |
J’avais déjà fait part il y a
quelques moins dans la critique de I usedto be darker de mes doutes quant à l’intérêt profond d’un certain cinéma
indépendant américain ayant pris la sale habitude de se complaire dans l’ennui
et l’apathie. Je ne vais donc pas me répéter, et States of Grace n’est pas non plus un complet désastre de toute
façon, mais l’idée est là : il ne suffit pas de faire des petits films
indépendants libres de l’emprise de la grosse machine hollywoodienne pour qu’ils
soient géniaux, même si l’intention est évidemment louable.
Inexplicablement encensé comme la
huitième merveille du monde par nombre de festivals et de critiques, States of Grace n’est en effet pas
grand-chose de plus qu’un énième gentil film sur de gentilles personnes un peu,
bon oui d’accord beaucoup traumatisés par la vie, et qui vont, ô surprise,
apprendre à surmonter leurs peurs et ouvrir leurs cœurs aux autres.
S’il a tant conquis, c’est
peut-être parce que le premier long-métrage de Destin Cretton, et c’est assez
logique au fond pour une première fois, est un film profondément scolaire, qui
ne nous épargne aucun passage obligé pendant 100 minutes s’apparentant parfois
plus à une récitation qu’autre chose. Inondé de lumière, à un tel point que
l’on finit par se demander si tout cela est bien filmé sur notre planète, States of Grace aligne à peu près tous
les clichés possibles et imaginables sur l’enfance maltraitée tout en
multipliant à l’infini les mêmes effets de caméra, et notamment un nombre
incalculable de floutages dont son réalisateur use et abuse à chaque fois qu’il
veut souligner la solitude et la détresse d’un de ses personnages.
En plus de ce cadre finalement
très convenu, et à l’exception de quelques courtes scènes où l’intensité monte
un peu, il faut hélas aussi dire que le scénario de States of Grace est bien léger, et qu’adapter un court-métrage que
l’on a déjà soi-même réalisé pour en faire un long-métrage n’est pas forcément
l’idée de l’année. Si tout tient à peu près debout grâce à un casting très
investi et une réalisation très (trop ?) propre sur elle, difficile tout
de même de voir là-dedans grand-chose d’autre qu’une accumulation plus ou moins
subtile de bons sentiments, où tout le monde reste quand même très gentil en
dépit de quelques écarts de conduite.
Et le problème est sans doute là,
avec States of Grace comme avec
nombre de ses congénères. Malgré tous les efforts de Destin Cretton pour
instiller un peu de noirceur et de complexité dans son discours et son récit,
son film reste au fond désespérément gentillet, tout étant évidemment bien qui
finit bien. Si ça n’est certes pas un défaut en soi, quoique, c’est tout de
même un peu léger pour faire un chef d’œuvre du septième art, surtout quand
l’on veut faire un film sur la souffrance.
La semaine prochaine je vous
apprendrais comment noyer vous-même un bébé panda.
Note : 6,5 (Barème notation)
Pour vous faire un avis par
vous-même : la bande annonce
A suivre : Une rencontre
Les derniers championnats du monde de cross-country ont couronné un très beau champion à la foulée certes assez atypique |
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