Mon précédent article, en l’honneur de la pour une fois enlevée comédie
française Les Gazelles, s’intitulait « révolution
française ». Celui-ci pourrait s’intituler « retour à l’âge de pierre,
avant la découverte du feu ». Pas vraiment inspiré, Manu Payet pond en
effet un premier film n’ayant d’autre intérêt que de rappeler qu’il faut savoir
profiter des bons films quand ils sont là car le cinéma français a toujours
quelques comédies avariées d’avance pour vite nous faire retomber sur terre.
La version 2014 du Penseur de Rodin. Différent. |
Sans idées, sans rythme et sans à
peu près rien, C’est compliqué est en
effet la parfaite caricature de la comédie française au rabais se contentant d’étaler
des lieux communs sans discontinuer pendant 90 minutes. Une opération cela dit
d’une constance remarquable, le premier film de Manu Payet ne pouvant au moins
pas être accusé de donner de faux espoirs tant sa profonde platitude est
éclatante dès l’entame des hostilités.
Passablement plombé par la
médiocrité de dialogues écrits à la va-vite et d’un scénario inepte, C’est compliqué n’a en plus même pas la
chance d’être sauvé par la qualité de son interprétation, la qualité de jeu
générale étant parfois à la limite du ridicule, à commencer par un Manu Payet souvent
à contretemps, très rarement drôle et absolument incapable de porter le film
sur ses épaules comme il est pourtant sensé le faire. Il y a en effet plus d’un
monde entre sa poussive performance et celle de Camille Chamoux dans Les Gazelles, preuve que l’inégalité
devant le talent reste encore la plus injuste de tous, ou alors que certains n’en
foutent pas une et préfèrent se reposer sur leurs pénibles acquis d’amuseurs
publics pour émissions TV.
Effectivement très peu travaillé,
certaines scènes étant assez incroyablement bâclées, C’est compliqué a en plus la mauvaise idée de vouloir cacher cette
triste misère derrière une longue somme de pitreries dont la facilité et la
vulgarité achève de nous convaincre que l’on prend ici le spectateur pour un
parfait crétin. Des habituels seconds rôles déjantés à la limite du supportable
(le copain beauf et le beau-père rivalisant jusqu’au bout pour le titre de
personnage que l’on a envie d’étrangler pour le faire taire enfin) aux
regrettables séquences musicales dignes d’un téléfilm de M6 à 14h30 ponctuant
une qualité de réalisation proche de zéro, il y a en effet tout dans C’est compliqué pour donner envie de
fuir de la salle au bout de 15 minutes à qui a encore un peu d’estime de soi
et/ou pas tellement le temps de voir 75 autres minutes d’un tel massacre.
Passons sur la place désastreuse accordée
aux rôles féminins, le portrait de la femme de 2014 oscillant sans cesse entre le
désespérant cliché de la gentille potiche et la non moins pitoyable figure
imposée de la femme fatale. Il faut en effet sans doute mettre cet énième raté
sur le compte de l’incompétence plus que sur la volonté de nuire, même si cette
imagerie complètement ringarde est assez douloureuse à supporter pendant 90
minutes quelques jours après le nettement moins stéréotypé Les Gazelles.
Bref, je pourrais sans doute égrener
pendant encore 50 paragraphes tout ce qui ne va pas dans ce C’est compliqué effectivement très
compliqué. Mais tout ça n’aurait pas grand intérêt car il n’y au fond là-dedans
qu’une vraie leçon : il ne suffit pas de s'agiter dans tous les sens pour être drôle et Manu Payet s'agite beaucoup mais pour pas grand chose.
Pas de chance pour lui, ni pour nous.
PS : j'ai délibérément choisi de ne pas parler de la formidable leçon de vie offerte par ce film, j'ai perdu assez de temps comme ça.
Note : 2 (Barème notation)
Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce
A suivre : Nebraska
Attention, cette scène n'a pas été coupée au montage |
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