« Film historique » oblige, difficile de parler de Diplomatie sans évoquer au moins un peu
sa relation avec la véritable Histoire là-dessous. Pas illégitime, ce débat n’en
est pas moins un peu vain car le dernier film de Volker Schlöndorff est avant tout un huis clos certes habile mais ne tranchant
fondamentalement aucun grand débat historique, politique ou philosophique. Autant
donc l’apprécier pour ce qu’il est et non pas déplorer ce qu’il n’est pas.
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En réalisant Diplomatie, adaptation d’une pièce éponyme déjà interprétée par les deux mêmes
acteurs, Volker Schlöndorff prenait forcément le risque
de se mesurer à deux références : l’épisode historique en lui-même, et le
film déjà réalisé en 1966 à partir de celui-ci (Paris brûle-t-il ?, d’ailleurs lui-même adapté d’un
best-seller).
Autant alors le dire tout de
suite : ii Diplomatie semble
respecter à peu près les grandes lignes de cette rencontre ayant conduit un
général allemand à renoncer à la destruction de Paris, il est clair dès le
début que l’on est plus ici dans une pièce de théâtre habilement passée à l’écran
que dans une reconstitution historique fidèle. En dehors du simple fait que
cette rencontre soit ici concentrée en une nuit uniquement pour dramatiser l’ensemble,
difficile de dire si les différents échanges et la chronologie des événements
respecte complètement les faits intervenus en 1944. Tout au plus peut-on
supposer que l’histoire qui nous est contée ne s’éloigne pas trop de la grande
Histoire, Volker Schlöndorff évitant pour l’essentiel les
trop grosses ficelles, en dehors d’une bande-son certes très dramatique.
Il faut aussi dire que contrairement
à la promesse contenue dans son titre, Diplomatie
ne dit pas grand-chose des coulisses de la diplomatie, se contentant clairement
de mettre en scène un duel d’hommes, la psychologie étant ici bien mieux servie
que la diplomatie, l’Histoire, la philosophie ou la politique.
Toutes ces précautions ayant été
prises, Diplomatie n’en est pas moins
un exercice de style plutôt brillamment réussi et d’une réelle efficacité. Réalisé
de façon très académique afin de laisser toute la place au jeu de ses deux
interprètes, le long métrage de Volker Schlöndorff est certes assez court
(1h24) et sans grand suspense mais a le mérite d’être tout entier concentré sur
son objectif premier : le face-à-face de deux monstres sacrés du cinéma
français.
Si André Dussollier n’est qu’à
moitié crédible dans cet étrange rôle de diplomate franco-suédois sortant
(littéralement) de nulle part, Niels Arestrup prouve lui encore une fois avec éclats
qu’il est bien le seul acteur du cinéma français capable d’incarner n’importe
quelle ordure humaine sans aucun état d’âme, et surtout sans aucun effet de
manche. Fascinant dans la peau d’un homme tentant de se convaincre que tout ne
s’écroule pas autour de lui, il a en
plus l’intelligence de ne pas complètement tirer la couverture à lui et de ne
pas faire de Diplomatie une pure
démonstration personnelle. Cela n’en est pas moins un vrai tour de force et la
preuve que le cinéma aussi peut fonctionner par la simple attraction exercée
par un homme.
Forcément un peu théâtrale par son
unité de lieu, de temps et par la confrontation proposée, l’adaptation de Volker Schlöndorff n’est pourtant pas que du
théâtre filmé mais bien un vrai long métrage de bonne qualité, certes réduit à sa
plus simple expression mais pas pour autant anodin. Après le récent La Vénus à la fourrure de Roman
Polanski, Volker Schlöndorff prouve donc que théâtre et
cinéma ne font pas forcément mauvais ménage, si tant est que l’on ait les
acteurs et le réalisateur pour savoir faire parler le texte de la façon
adéquate.
Note : 8 (Barème notation)
Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce
A suivre : How I Live Now
Apparemment les Nazis n'en avaient pas grand chose à foutre de la loi Evin non plus |
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