dimanche 27 juillet 2014

Boyhood

Drame de Richard Linklater
US - 2h45
Avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette, Ethan Hawke, Lorelei Linklater

Les premières images du biopic de Lance Armstrong. Quel sale petit con, on le giflerait bien ...

Présentation : 12 ans durant (de 2002 à 2013), Richard Linklater a filmé l'apprentissage du jeune Mason (Ellar Coltrane) en temps réel, laissant à ses acteurs le temps de vieillir pour mieux parler de celui qui passe. Un de ses acteurs fétiches (Ethan Hawke) interprète ici le père de Mason, sa propre fille (Lorelei Linklater) interprétant elle sa sœur tandis que Patricia Arquette joue le rôle de sa mère.

Alors que l'on croie toujours que tout a déjà été inventé et ré-inventé plusieurs fois, forcé de constater que Richard Linklater a su créer un joli buzz avec ce projet réellement original, et qui pourrait constituer à première vue un des films les plus intéressants de ces derniers mois. Plus que l'idée elle-même d'accompagner le jeune Ellar Coltrane pendant douze ans, c'est ici la force de conviction artistique qui frappe : mûrir un projet pendant 12 ans sans jamais douter ou renoncer, voilà quelque chose qui n'est pas très commun dans la fast culture d’aujourd’hui où tout est généralement oublié 2 ou trois semaines après ...

Rien que pour cela, Boyhood est donc forcément un des événements de cette année 2014, et restera quoi qu'il arrive comme une tentative assez fascinante de faire coller au plus près possible le cinéma et la vie qui l'inspire, quand bien même ce projet serait complètement utopique ...

Passé cela, Il est hélas assez décevant de constater à quel point Richard Linklater ne semble pas avoir grand chose à dire en dehors de son idée de départ. Plutôt bien joué et correctement réalisé, son Boyhood est en effet terriblement scolaire voire même un peu plat, Linklater semblant avoir oublié de prendre le moindre risque une fois enclenchée sa caméra. Visiblement obsédé par l'idée de faire un film qui résumerait la substance même de ce qu'est l'apprentissage, et quelque part l'humanité toute entière, celui-ci s'interdit ainsi tout écart au point de rendre une copie désespérément convenue et prévisible, ou les idées reçues s'enchaînent les unes après les autres pour donner à son film des airs d'album photo. Un album photo qui ne s'arrange d'ailleurs pas avec le temps, car il y a bien une heure de trop dans ce film, et qui finit par sombrer dans un final pas loin d'être tout simplement niais, ou en tout cas à mille lieux de l'ambition de départ qui semblait marquer ce film. On comprend bien que le but était ici de parler de la vie et rien d'autre, mais la vie n'est malheureusement pas toujours si intéressante que ça et l'on finit par s'en souvenir en passant près de trois heures devant Boyhood ... Dommage d'en appeler au cinéma pour si peu.

Situé quelque part entre une rétro un peu ringuarde des années 2000 et un teen movie sans grand intérêt, ce Boyhood restera donc comme un autre OVNI dans la filmographie de Richard Linklater, qui en comportait cela dit déjà un certain paquet. Un an après le dernier volet de la trilogie des Before avec Julie Delpy et Ethan Hawke, d'un autre niveau en termes d'écriture et de finisse psychologique, on pourra quand même regretter la banalité extrême du propos, qui fait un peu tâche dans un film se targuant d'autant de profondeur.

Quitte à passer à côté de l'essentiel, on notera aussi que Richard Linklater à sciemment choisi de ne pas clôturer son film sur son avant-dernière scène assez réussie (joliment accompagnée de la chanson Hero de Family of the Year, vraiment bien choisie pour le coup), tout cela pour nous offrir un final vraiment très dispensable ... Quand ça ne veut pas ...

J'ajoute pour finir que ce film a d'excellentes critiques à peu près partout, il est donc tout à fait probable que vous soyez en fait tout à fait conquis. Cette critique ne vous aura dans ce cas servi à rien du tout, mais ça n'était pas sa fonction.

Note : 6 (Barème notation)

La bande-annonce


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