Effet Fukushima oblige, Hollywood nous ressort cette année un second
remake du très populaire mythe japonais enfanté par le traumatisme nucléaire d’Hiroshima.
Ce remake du remake aurait pu être l’occasion de revisiter le mythe un peu plus
intelligemment que dans le triste premier volet réalisé par Roland Emmerich il
y a 16 ans : bref d’en faire un blockbuster malin, catégorie brillamment
remise au goût du jour l’année dernière avec le Gravity d’Alfonso Cuaron.
Le long-métrage de Gareth Edwards
n’est malheureusement pas bien malin, et semble d’ailleurs tout faire pendant
deux longues heures pour ne surtout pas tenter de l’être, histoire de ne pas
prendre de risques. Déluge insipide d’effets spéciaux et de micro-histoires
anodines, ce Godzilla affiche comme
tous ses semblables l’unique ambition de faire passer le temps pendant la consommation
de son maxi-bol de pop-corn, le cinéma n’étant visiblement là qu’un passe-temps
destiné à améliorer la digestion du bien-aimé consommateur.
Difficile en effet de faire plus
plat que Godzilla qui refuse toute
véritable terreur au profit d’un banal grand spectacle pas si effrayant que ça,
et qui a en plus la pénible idée de meubler tout cela avec une histoire dans l’histoire
absolument sans aucun intérêt. Perdant ainsi de longues minutes à scruter des
personnages pourtant complètement creux et passablement inutiles, le Godzilla de Gareth Edwards se condamne
presque à l’ennui et en tout cas à la futilité, à des années-lumière du mythe
originel japonais dont il ne subsiste pas grand-chose à part deux ou trois
ritournelles vaguement écolos lâchées ici et là sans conviction et qui ne
leurrent personne.
Alors que l’actualité aurait
largement pu justifier une plus vaste réflexion sur l’apocalypse
climatico-nucléaire nous guettant peut-être, ou au moins une forme quelconque
de réflexion, Gareth Edwards se contente ici d’égrener un à un les passages
obligés du film catastrophe hollywoodien, pas forcément plus mal mis en scène
que d’habitude, mais pas vraiment mieux non plus. Rien n’émerge au final
vraiment de cette succession de détonations et de buildings partant au fumée,
sinon la désagréable impression que l’on se fout un peu de nous et qu’en plus
le pop-corn ça fait grossir.
Mais a-t-on vraiment laissé le
choix à Gareth Edwards de rendre une autre copie que ce fade exercice de
non-style ? Probablement pas, et c’est aussi l’avantage de parfois confier
de grosses machines à des petits nouveaux qui ne coûtent pas cher et qui en
plus ne risquent pas de l’ouvrir s’ils veulent avoir le droit de tourner un
film un peu moins médiocre dans quelques années (on peut rêver). On pardonnera par
contre un peu moins facilement à Bryan Cranston et Juliette Binoche venus
palper l’oseille en nous infligeant deux rôles d’une nullité infiniment plus
terrifiante que cette bonne grosse bête de Godzilla, qui est finalement un bon
gros toutou à son papa.
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Note : 3 (Barème notation)
Pour vous faire un avis par
vous-même : la bande annonce
A suivre : La chambre bleue
Tu peux faire cette tête oui, jouer dans un navet pareil même Walter White ne serait pas tombé aussi bas |
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