Libre et assoupi m’était
apparu à cause de sa bande-annonce comme un énième aspirant film générationnel
très occupé à énumérer les lieux communs et j’y allais donc le cœur prêt à
affronter la bête, parce que je suis quelqu’un de brave, très brave. La vie
étant hélas parfois surprenante, le premier long-métrage de Benjamin Guedj n’est en
fait pas exactement cela, et c’est peut-être finalement tant mieux.
Le goûter, repas le plus important de la journée |
La meilleure façon de parler de Libre et assoupi c’est peut-être encore
de dire que c’est un film disons … assez libre et plutôt assoupi.
(énorme effet de style, on ne se
fout pas de votre gueule ici)
Assez libre en effet parce que
malgré ses défauts évidents, j’y reviendrais (quel suspense), Libre et assoupi trouve vite une
originalité de ton qui lui permet d’éviter le plus souvent les gros clichés qui
tâchent du genre, Benjamin Guedj se sortant globalement du piège avec dignité. Son premier film a en effet au moins le
mérite de souvent chercher même s’il ne trouve pas toujours, les trouvailles
comiques alternant avec les bides dans une atmosphère d’anarchie cinématographique
finalement assez réjouissante. Si Benjamin Guedj ne révolutionne là pas grand-chose,
son fantaisiste univers peuplé de personnes semblant penser en permanence à
voix haute sans trop réaliser ce qu’ils font porte en lui une nonchalance
plutôt séduisante, qui confinerait presque au poétique en additionnant toutes
les micro-absurdités lâchées ici et là.
Mais tout cela reste aussi bien
assoupi ne nous leurrons pas, et il serait quand même difficile d’expliquer qu’on
est là devant le film de l’année. Tout de même écrit un peu à la va-vite, d’où
une qualité très inégale d’un bout à l’autre, Libre et
assoupi semble en effet avoir été conçu et réalisé avec la même flemme que
son héros, ce qui est d’ailleurs peut-être volontaire au fond. Mis en scène
très sommairement et parfois bizarrement séquencé, certaines scènes s’enchainent
souvent sans raison apparente, le coup d'essai de Benjamin Guedj sent bon l’amateurisme
jusqu’au bout, notamment dans une fin vraiment bâclée et archi-bâclée (il n’y
avait plus de budget dans la caisse et il fallait finir à tout prix ?). On
n’est pas non plus subjugué par les performances des trois stars du jour :
pas de faute de goût majeure mais pas d’étincelle non plus. Au rang des gros
bides d’ailleurs, un long et pénible monologue où Benjamin Guedj essaie de nous
faire croire que Charlotte Le Bon est une actrice dramatique. Aïe ... gare au
dépassement de fonction.
Mais quoi finalement de plus
normal pour Libre et assoupi d’être
comme son héros condamné à la précarité ? Menaçant constamment de basculer
de la fantaisie au n’importe quoi, cet objet pas vraiment identifié a au moins
le mérite de se débattre de façon originale et de ne pas abdiquer trop vite, ce
qui est souvent le cas de comédies liquidant toutes leurs bonnes vannes en
vingt minutes et comblant péniblement le reste. Le film de Benjamin a par-là
peut-être tous les défauts du monde mais au moins une grande qualité :
celui d’essayer d’être lui-même, chose finalement pas si fréquente.
Par contre Zach Braff a appelé,
il porte plainte contre Benjamin Guedj pour avoir repiqué le New Slang des Shins pile 10 ans après Garden State. Faut pas abuser non plus.
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Note : 6,5 (Barème notation)
Pour vous faire un avis par
vous-même : la bande annonce
A suivre : Arthur Newman
L'issue des affrontements entre pro-russes et pro-européens en Ukraine reste très incertaine. |
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