Je m’étais laissé convaincre par
Quai d’Orsay en grande partie pour Raphaël Personnaz, qui malgré son assez
jeune carrière est très rapidement devenu un de mes acteurs préférés. Ne me
demandez pas pourquoi, c’est comme ça. Quoiqu’il en soit, c’était de toute
évidence une décision idiote, et j’en ai été pour mes frais.
Si je devais m’inspirer d’une des très (et trop ?) nombreuses citations qui parsèment Quai d’Orsay, je dirais qu’en matière de cinéma comme en politique, il est préférable de choisir. Disons que ça n’est pas vraiment l’impression que m’a donnée le film. N’ayant pas lu la fameuse BD ayant inspiré le film en question, je me foutais pourtant éperdument de savoir si la copie serait conforme à l’originale et j’aurais même été ravi qu’elle ne le soit pas, si tant est que cela ait donné un bon film. Vous commencez à deviner la suite.
Si je devais m’inspirer d’une des très (et trop ?) nombreuses citations qui parsèment Quai d’Orsay, je dirais qu’en matière de cinéma comme en politique, il est préférable de choisir. Disons que ça n’est pas vraiment l’impression que m’a donnée le film. N’ayant pas lu la fameuse BD ayant inspiré le film en question, je me foutais pourtant éperdument de savoir si la copie serait conforme à l’originale et j’aurais même été ravi qu’elle ne le soit pas, si tant est que cela ait donné un bon film. Vous commencez à deviner la suite.
Prenons les choses
méthodiquement, en commençant par le début. Raphaël, alias Arthur Vlaminck,
jeune plume brillante mais un poil naïf et impressionnable, débarque un beau
jour au Ministère des Affaires Etrangères pour travailler dans l’équipe de
Thierry Lhermitte, alias Nom imprononçable alias Dominique de Villepin comme
chacun sait même sans avoir lu la BD. De cette situation de départ, le film
semble un temps, malheureusement court, se diriger vers une analyse des
rapports entre ces deux zigotos que tout oppose, en se ménageant des encarts
sur la vie de couple de ce cher Raphaël, ici maqué avec Anaïs Demoustier. C'est d'ailleurs l'histoire que semble raconter la bande-annonce, et comme celles-ci sont toujours de fidèles indications du contenu d'un film, c'est bien connu, pourquoi se méfier. Parfait donc.
Enfin parfait je ne sais pas, rien ne dit en réalité si oui ou non cette idée
aurait à la longue suffi pour faire un bon film mais rassurez-vous on ne le saura jamais. Bertrand Tavernier, ou un quelconque
réalisateur ayant repris le projet pendant que Bertrand était parti pêcher,
explose en effet au bout d'un quart d'heure ce pacte de départ pour basculer dans un bordel parfois heureux mais
surtout laborieux.
Passé la violence du choc, on
découvre en effet très vite que l’engin ne sera qu’une vitrine pour laisser
Thierry Lhermitte perfectionner son imitation de Mr Clearstream, un exercice
certes pas si inintéressant que ça mais qui finit par tourner un peu en rond.
Là donc est tout le drame de Quai d’Orsay : toute ébauche de
dramatisation, d’analyse psychologique ou d’élargissement du cercle est sacrifiée
pour ne conserver qu’une succession de démonstrations d’éloquence de la part d’Alexandre
Taillard de Worms (et oui, j’ai fini par
prendre la peine de trouver le bon nom du personnage).
Résultat de cette entreprise
délibérée d’anéantissement de toute velléité de réduction du champ d’action de
Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz disparaît lui progressivement du film,
littéralement. Relégué à un rôle de quasi imbécile heureux cartoonnesque, il
est complètement perdu dans cette étrange machine à la gloire du langage pour
le langage, englouti sous l’insignifiance des dialogues à sa disposition.
Humiliation suprême, il est même doublé à sa droite par Niels Arestrup, une des
rares vraies bonnes surprises de l’ensemble, aussi excellent que surprenant
dans un registre comique qu’on ne lui soupçonnait pas forcément. Se faire voler
la vedette par un mec qui n’a pas joué dans une comédie depuis son spectacle de
fin d’année en 5ème, c’est quand même la loose.
Cerise sur la gâteau, Bertrand
Tavernier n’a apparemment pas eu trop envie de se casser le cul à reprendre le
montage de son film pour en faire un tout cohérent et nous parsème quand même
régulièrement son film d’intermèdes sur la vie de couple du petit Vlaminck,
aussi creux que totalement inutiles à l’ensemble puisque Raphaël Personnaz n’a
de toute façon presque plus aucune place dans la seconde moitié du film. Mais ç’aurait
quand même été dommage de se passer d’une scène où Chouchou fait la valise de
Loulou qui part à New York, en lui mettant 4 caleçons pour 3 jours parce qu’on
sait jamais hein. Derrière un grand homme, il y a toujours une femme paraît-il.
En résumé, Quai d’Orsay aurait pu
être un chouette téléfilm ou même un docu-fiction un peu fantaisiste, mais peine
à mériter le label de film. De la bande dessinée, Bertrand Tavernier emprunte finalement
les vignettes, qu’il colle une à une sans vraiment faire l’effort de trouver
des transitions décentes entre elles, ce qui s’appelle en fait un scénario.
Le refus de Bertrand Tavernier de
nous offrir ce minimum syndical culmine d’ailleurs dans un fin complètement
bâclée qu’il fait à peine le travail d’amener, alors que l’on comprend dès le
début que toute la tension, si tant est qu’elle existait, devrait nous emmener
vers le fameux discours de Dodo aux Nations Unies. Et bien non, ça non plus
semble nous dire Monsieur Tavernier, pour qui cette incartade dans l’univers de
la BD ressemble au final furieusement à des vacances tous frais payés. Ou à de
la paresse, au choix.
Ah, et j’oubliais, on a filé un
petit rôle à Jane Birkin. C’est cool pour elle.
Note : 6,5 (Barème notation) Parce qu’on rigole
un peu quand même, j’ai un peu chargé la barque. Mais ça apprendra le cinéma
français à chasser les spectateurs avec des castings mensongers.
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