mardi 31 décembre 2013

I used to be darker : on vous ment



493ème film sur le désarroi de pauvres jeunes adultes s’ennuyant à se regarder le nombril et à ne pas savoir quoi faire de leur vie sorti de puis Garden State (2004), We used to be darker n’a pas plus ou moins d’intérêt cinématographique, artistique ou philosophique que tous ses nombreux et rébarbatifs prédécesseurs mais a au moins eu un mérite : celui de me faire découvrir qu’un complot caché se trame dans notre dos. Oui, on nous ment.
Vous me réveillez quand c'est fini ?

Quelque part au fond d’un des innombrables studios bâtis sur les collines d’Hollywood comme autant de temples élevés à l’inculture et l’anéantissement moral des masses, quelque part au fond d’un de ces endroits maudits où l’on prépare en secret les prochains blockbusters destinés à exterminer une bonne fois pour toute tout sens critique ou artistique au sein de la population cinéphile, quelque part au fond d’un de ces repaires diaboliques contrôlés par de sombres esprits capitalistes uniquement soucieux de leur épanouissement matériel et du malheur de l’humanité, quelque part tout au fond d’un de ces antres de perdition où l’on n’imagine croiser que de gros producteurs véreux cachant leur vice derrière d’ignobles lunettes à double foyer et un épais bouclier de graisse corporelle, quelque part tout là-bas, tout au fond d’une cour où l’on rentre accroupi nez à nez avec une flaque d’huile de moteur imbibée d’urine, en ouvrant une porte menaçant à chaque seconde de s’effondrer sur elle-même par le poids des années, se cache un lugubre bâtiment sans chauffage ni électricité où l’on aperçoit à la lumière de pâles bougies des figures s’agitant dans la pénombre et murmurant des bruits à peine audibles. Oui, quelque part tout au fond des ténèbres d’Hollywood, à l’abri de tout soupçon et de toute curiosité mal placée, on produit des films indépendants. 

Ainsi va en effet le secret le mieux gardé du cinéma international : tous les films indépendants dits « intimistes », « confidentiels », « arty », « indies » et autres qualificatifs grotesques sont en effet produits de la main même des maîtres d’Hollywood, sans que nul ne soit au courant de ces liens incestueux entre cinéma mainstream et indépendant. Bénéficiant des mêmes moyens de production industriels que leurs équivalents destinés au grand public, ils sont toutefois réalisés à moindre frais que ceux-ci, l’absence totale de scénario, de dialogues, de jeu d’acteur ou d’antidote à l’ennui permettant des économies d’échelle considérables pour les studios californiens. 

Mais n’est-ce alors encore qu’une sombre histoire d’argent me direz-vous ? En réalité non, les motifs cachés sont bien plus retors qu’un simple besoin de rentrées financières.

Cette production industrielle de films pouvant être réalisés par n’importe quel étudiant en cinéma raté se voyant donner une heure et demie pour procrastiner sans autre but que sa propre satisfaction a d’abord une vertu simple mais essentielle : le remplissage. Les blockbusters hollywoodiens prenant du temps et de l’argent à être produits, pour le résultat que l’on sait, les grands studios ont régulièrement besoin de films bon marché pour inonder les salles du monde entier dans l’intervalle, ne courant ainsi pas le risque de voir se développer des cinémas locaux qui pourraient remettre en cause la suprématie de l’industrie cinématographique américaine. La quantité importe donc plus que la qualité en ce domaine. 

Mais les films indépendants américains ne sont pas seulement des machines à remplissage, ils poursuivent en réalité un but bien plus subtil. Offrant le spectacle d’acteurs apathiques bourrés de tranquillisants par la production ou simplement affligés par l’insipidité du matériau à leur disposition, ils permettent de durablement dégoûter des générations de spectateurs du cinéma dit « indépendant », voire même « intellectuel » (beurk, quelle horreur), et de ramener ceux-ci dans le droit chemin des grosses productions hollywoodiennes, seules à mériter leur attention. Entretenant la douce illusion qu’il n’y a évidemment pas de juste milieu entre des blockbusters d’une stupidité infinie et des films intellos d’un ennui mortifère, les grands producteurs californiens peuvent donc continuer pour aussi longtemps que bon leur semble à inonder le monde de parodies de films uniquement destinés à maintenir en vie le rêve américain de la consommation de masse, car il n’y a pas que l’argent qui compte quand même, les rêves c’est important aussi.

Voilà, trois mots sur I used to be darker maintenant.

Alors que les films indies ont en général au moins l’avantage de proposer au spectateur une compilation de morceaux sympas pour égayer leurs soirées entre amis, parce que Universal et iTunes aussi doivent écouler leurs stocks, I used to be darker a décidé de nous priver de ça aussi, préférant nous assommer avec de longues lamentations à la guitare du genre c’est tellement beau et profond parce que c’est joué à l’arrache et a cappella donc c’est forcément mieux, sauf que non.

Adèle Exarchopoulos fait une apparition d’une minute au début du film, ce qui constitue de loin le moment le plus intense du film, puisqu’à ce moment précis je n’étais pas sûr que c’était elle parce que je n’avais pas regardé le casting avant le film et puis si c’est bien elle donc voilà ça n’a à peu près aucun autre intérêt que l’anecdote mais c’est marrant quand même, contrairement à ce qui va suivre. Voilà, si vous avez de gros moyens financiers vous pouvez donc aller voir ce film juste pour la première minute, et partir après.

Ce qui m’amène à ma dernière remarque. De toute façon, ce film n’est distribué que dans 8 cinémas en France, et sûrement encore moins dès demain. Vous n’aurez donc a priori pas à trop vous torturer pour savoir si vous allez tenter le coup ou pas. Ou bien le simple fait que j’en ai dit le plus grand mal vous donnera furieusement envie d’aller le voir et dans ce cas-là je ne peux plus rien pour vous, et je ne bougerais de toute façon pas le petit doigt même si je pouvais, parce que ça ressemble quand même à de la défiance gratuite à mon égard, et j’ai beau être sympa ça ne me plaît pas trop.

Note : 3 (Barème de notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande-annonce


A suivre : La vie rêvée de Walter Mitty

"Regarde, c'est le scénario du film" "Il fait combien de pages ?" "De pages ? Non regarde c'est juste les deux lignes en haut là ...le reste c'est des dessins du fils du réalisateur qui s'emmerde sur le tournage"






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dimanche 29 décembre 2013

2 automnes, 3 hivers : 30 ans, toujours paumé


Alors que la trilogie klapischienne vient de se clore il y a quelques semaines, Sébastien Betbeder débarque avec ses 2 automnes et 3 hivers pour nous prouver que les films générationnels ne sont eux pas près de s’éteindre et que les clichés sont parfois aussi de jolies images, si tant est qu’on sache leur donner vie avec un peu d’intelligence et de poésie.
"En ce moment j'habite chez mes parents mais c'est temporaire, je viens de monter une un groupe de death metal qui va cartonner"

Il est toujours facile et tentant de critiquer les films qui comme 2 automnes, 3 hivers prennent si délibérément le parti de fonctionner presqu’à exclusivement à l’identification, et donc forcément un peu par clichés interposés, mot sans doute le plus utilisé dans la langue française en contexte cinématographique. Oui, 2 automnes, 3 hivers est un film sur le vague à l’âme des jeunes trentenaires célibataires, parisiens de préférence. Voilà, c’est dit.

Sébastien Betbeder avait donc toutes les raisons du monde de s’abîmer en vol et de rejoindre le cimetière des films générationnels mièvres n’ayant d’autre intérêt que celui d’agiter le plus possible de cartes postales venues d’une époque bénie censée ressusciter souvenirs et mémoires chez les spectateurs émus par ce voyage dans le temps à peu de frais.

Il y a d’abord le choix d’en dire le moins possible sur ses personnages en dehors du strict nécessaire pour entrer dans le récit, Sébastien Betbeder assumant clairement cette volonté de détachement du réel dès l’introduction par la voix de son héros. Un choix cohérent et défendable mais qui aurait aussi bien pu faire basculer son film dans la futilité et la tentation du vide. Il y a ensuite le ton et la structure très littéraires de cet étrange auto-récit, multipliant les voix, les apartés poétiques et les références culturelles telle une gigantesque toile faite d’une multitude de découpages. Une forme là encore audacieuse mais qui nécessite une sacrée maîtrise pour la faire entrer dans le cadre cinématographique sans sombrer dans l’exercice de style discordant. Et il y a enfin la façon très dilettante d’animer le récit à grand renfort de name-dropping d’icônes de la pop culture et d’anecdotes sur la vie au supermarché un peu à la façon d'une chanson de Vincent Delerm*, un schéma maintenant largement exploité dans les différentes formes de l’art d’aujourd’hui.

En dépit de tout cela, Sébastien Betbeder parvient à faire de cet étrange capharnaüm, désordonné seulement en apparence, une œuvre profondément touchante et attachante qui sait alterner comique et tragique sans jamais avoir l’air de passer du coq à l’âne ou (trop) avoir besoin de décliner les clichés générationnels déjà maintes fois rebattus ici et là. Traversé par une véritable poésie, et pas de celles avec lesquelles l’on essaie souvent de nous assommer avec un violon et deux notes de piano, il est empreint d’une belle mélancolie qui n’empêche pas pour autant son film d’avancer mais le nourrit, chose assez rare pour être signalée.

Malgré cette richesse de tons et de sens, 2 automnes, 3 hivers sait par ailleurs conserver le fil de son récit et ne pas trop faire coïncider sa forme avec son fond, Sébastien Betbeder donnant à son film une vraie cohérence d’ensemble et pas seulement un fil rouge reliant plus ou moins subtilement ses différents chapitres. Intelligent jusque dans sa fin, elliptique mais sans doute plus intéressante qu’un grand discours tournant en rond sur la question, 2 automnes, 3 hivers réussit le pari de dire quelque chose de son temps tout en étant plus qu’un simple film de génération, vraie peinture impressionniste d’époque plus que simple cliché artificiellement jauni pour touristes.

Un beau film donc, sans doute l’un des meilleurs de la production française en 2013, et qui devrait permettre à son auteur et ses interprètes de se faire plus facilement une place dans le milieu. Tant mieux.

* Si vous détestez Vincent Delerm comme apparemment une grande partie de la population française, vous pouvez tout de même continuer à lire cette chronique. Vous n'avez aucun goût et c'est regrettable mais promis le sujet est clos. 


Alors oui si j’avais voulu vraiment vivre l’expérience à fond, j’aurais dû me placer dans la peau d’un adolescent de 15 ans ou d’un pré-retraité de 55 ans pour voir si tout ça me parlait autant … Mais voilà, mon professionnalisme a des limites et ceux qui ne sont pas contents peuvent aller voir ailleurs.



Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : Le loup de Wall Steet 

Oui c'est encore tout là haut les Césars ... Attention, vous risquez de croiser Dany Boon en montant

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Le loup de Wall Street : very bad trip


Retour du maintenant bien installé duo Scorsese / Di Caprio avec l’adaptation à l’écran de l’histoire vraie de l’ascension fulgurante d’un golden boy de Wall Street. Immense débauche filmée à grands renforts d’adrénaline, Le loup de New York est l’ultime testament de deux hommes cherchant ensemble depuis 10 ans à cerner toute la folie de l’Amérique, en ne lui cherchant cette fois plus de circonstances atténuantes.

Ça y est je suis blindé, bye bye Hollywood je pars en croisière dans la baie de Somme

A première vue, Le loup de Wall Street semble être l’aboutissement d’un cycle, le dernier épisode grandiose d’une décennie de longs métrages ayant vu Leonardo Di Caprio donner vie pour Martin Scorsese à toutes les facettes de la terrible et folle brutalité du rêve américain (Gangs of New York, Aviator, Les Infiltrés, Shutter Island). Voici effectivement deux monstres sacrés n’ayant eu de cesse, ensemble ou dans leur carrière respective, que de tourmenter cette superbe illusion en lui renvoyant sa véritable image à travers un implacable miroir déformant où la démesure finit toujours par sombrer dans la folie et la décadence. 

Dans la figure du jeune Jordan Belfort, trader insatiable profitant du vide juridico-moral apparu dans le bling-bling des années 80, on pourrait d’ailleurs être tenté de retrouver un peu du Franck Abagnale de Arrête-moi si tu peux interprété par Leonardo Di Caprio pour Steven Spielberg il y a dix ans, génial faussaire bondissant frénétiquement d’une arnaque à une autre pour donner un sens à sa vie. Ce serait une erreur. Car là où Steven Spielberg faisait de Franck Abagnale un héros véritablement tragique en le montrant esclave de sa propre névrose et de sa quête obsessionnelle d’approbation paternelle, Martin Scorsese choisit ici de retirer à Jordan Belfort toute part de cette humanité qui aurait pu faire du Loup de Wall Street une classique tragédie en deux temps, avec à la clé une réhabilitation morale de son héros.

De réhabilitation, il n’est ici jamais question et c’est tout l’intérêt du Loup de Wall Street, courageux pari de montrer toute l’obscénité morale et humaine d’une classe et d’une époque, sans jamais donner à ses anti-héros la moindre circonstance atténuante. Tout golden boy génial qu’il soit, Jordan Belfort est en effet une banale ordure, simplement suffisamment intelligent pour tout dévaster sur son chemin vers la fortune, et c’est cette terrible réalité que Martin Scorsese donne à voir dans un film shooté à l’adrénaline où il n’est jamais question de pause existentielle, car nulle remise en cause n’est au programme. The show must go on.

Là réside toute la force du Loup de Wall Street, fresque dopée aux amphétamines ne faisant aucune concession, mais c’est peut-être paradoxalement aussi une de ses faiblesses. En cultivant une logique de la performance où chaque scène doit presque montrer à elle seule toute la folie de l’ensemble et en refusant toute profondeur psychologique à son héros, Martin Scorsese bâtit ainsi une machine somptueuse mais ambigüe, hésitant constamment en le drame et la farce, les effets comiques provoqués par l’indécence à l’écran finissant quelque peu par se mettre en travers de l’ambition dramatique de son œuvre. Une dramaturgie d’autant plus difficile à complètement installer qu’à moins d’être soi-même un psychopathe on ne s’émeut guère de la chute finale de Jordan Belfort, aussi attendue que peu touchante au vu du pedigree du bonhomme.

Si les derniers instants du film nous offrent tout de même une clé de lecture intéressante sur sa visée finale plus subtile, il reste difficile de ne pas penser que Le loup de Wall Street surfe un tout petit peu sur le voyeurisme de la trashitude à l’écran, que ce résultat résulte d’un choix conscient ou d’un effet pervers de son ambition première. Mais toute l’ambiguïté du rêve américain, écartelé entre sa prétendue pureté morale et son obsession matérialiste, réside justement là et c’est peut-être aussi une façon pour Martin Scorsese de souligner l’impossibilité de choisir entre ces deux extrémités, la pomme du vice ayant depuis longtemps été croquée sans qu’il soit possible de revenir là-dessus.

Reste dans tous les cas une œuvre monumentale indubitablement saisissante et jamais rébarbative car, longévité oblige, Martin Scorsese connaît tout de l’art du cinéma et le montre avec une virtuosité qui force le respect. Si l’on hésitera à parler de chef d’œuvre, l’abondance de biens pouvant parfois nuire à la force dramatique de l’ensemble, Le loup de Wall Street n’en est pas moins un film qui fera date par sa fascinante énergie et qui ne dépare pas à l’œuvre commune de ses deux principaux protagonistes, elle véritablement indispensable.


PS : par courtoisie pour Jean Dujardin, dont l’interprétation d’OSS 117 est probablement la meilleure chose qui soit arrivée au cinéma français comique des années 2000, je ne m’étendrais pas sur son rôle dans Le loup de Wall Street. Disons simplement que l’intersection de l’univers comique d’OSS 117 et du drame Scorsesien ne m’apparaît pas comme une évidence et que ses quelques apparitions ne m’ont pas paru beaucoup augmenter la valeur ajoutée de l’œuvre de Martin Scorsese.

PS2 : Ah et Jonah Hill est excellent. Désolé, je n'ai pas trouvé d'autre endroit où le dire mais c'est le cas. Il faut voir Moneyball si vous ne l'avez pas encore vu, surtout si vous aimez le sport. Et Cyrus aussi tant qu'on y est. Enfin bref, j'ai à votre disposition une filmographie sélective des meilleurs films de Jonah Hill pour les quelques lecteurs n'ayant pas encore décroché à cet instant précis. Envoyez moi un recommandé ou appelez moi en PCV pour signaler votre intérêt, je vous la ferais parvenir en Colissimo dans les meilleurs délais.


Note : 8,5 (Barème de notation)

Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce



A suivre : I used to be darker
On a enfin chopé Joe Dalton, Leo est décidément très fort, plus que Lucky Luke en tout cas

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Courrier des lecteurs : votre Top 10



Cher médiateur,


A la vue de votre Top 10 de l’année, je m’étonne qu’une structure se déclarant aussi collaborative que la vôtre fasse aussi peu de cas des avis de vos lecteurs, pourtant eux aussi éclairés. Pourquoi ce choix de fonctionnement quasi-soviétique à l’heure où tous les acteurs majeurs de la culture web ont compris depuis bien longtemps que leurs contenus avait tout à gagner de l’instauration d’une logique plus participative où journalistes et consommateurs vivent en bonne harmonie pour aboutir à un consensus riche de sens ? Je me permets d’ailleurs de vous dire que j’ai fort peu apprécié votre Top 10 qui ne contient aucune adaptation de romans de Stéphanie Meyer ni le moindre film avec Kad Merad, ce qui ressemble à une provocation peu glorieuse de votre part. SI je vous reste encore fidèle pour le moment, faute de mieux sur le marché du web, j’attends de votre part une remise en cause de fond. 


Tout de même bien cordialement,


Marc Lévy (Neuilly-sur-Seine, France)

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Cher Marc,

Merci tout d’abord de votre confiance, il est toujours appréciable d’être suivi par des auteurs de votre ampleur et je ne peux que me féliciter au nom de toute la rédaction que Salles lumineuses et toiles obscures soit déjà devenue une référence en matière de bon goût, domaine que vous connaissez si bien. Cela étant, il est vrai que nous n’avions jusque-là pas encore pris le temps de traiter et synthétiser les nombreux courriers de lecteurs nous faisant part de leurs coups de cœur de l’année, la rédaction étant comme vous l’imaginez débordée par les nombreux cocktails et vernissages hivernaux que nos rédacteurs se doivent d’honorer de leur présence, compte tenu de leur statut dans le milieu. A la lecture de votre courrier si justement récriminateur, la direction de la rédaction a néanmoins décidé de procéder à une nouvelle embauche spécialement pour satisfaire cette demande, me permettant ainsi de ne pas cumuler une troisième fonction, puisque je suis déjà en parallèle chargé de l’alimentation de nos nombreux poissons gambadant gaiement dans les immenses aquariums parsemés dans toute la rédaction. 

Voici donc Marc le produit de ce travail consciencieux, bien que tardif nous l’admettons,

En espérant garder votre confiance,

Le médiateur

-
(Bien que les choix de nos lecteurs soient tout à fait estimables, la rédaction a également souhaité donné son avis sur chacun des films suivants, histoire de vous donner un aperçu le plus complet possible. N’y voyez bien sûr aucune défiance vis-à-vis de nos très chers lecteurs)
A ce jour, 4781 Ukrainiens ont vu Les Profs et songent à faire de Kev Adams le leader de leur prochaine révolution

1/ Doutes (Chronique du sentiment politique)
Avec Christophe Barbier et Benjamin Biolay
L’avis d’un lecteur : Quelle profondeur ! Et quelles performances d’acteur ! On savait déjà Christophe Barbier éditorialiste politique indépendant et courageux, étonnant acteur de vaudeville et accessoiriste vestimentaire de talent mais voilà qu’il se révèle aussi immense dans un rôle de sondeur philosophe tellement rempli d’humilité et si éloigné de sa propre image ! Et quel beau rôle offert à Benjamin Biolay en passionaria de DSK ! Quelle subtilité de dialogues et quelle audace de scénario ! On en sort avec l’envie de courir aux urnes pour voter ! Merci, vous m’avez redonné l'amour de la politique et la démocratie !
L’avis de la rédaction : L’abstention n’est pas prête de s’arrêter de grimper. Très belle comédie par ailleurs, pleine de moments loufoques et de répliques cultes, notamment de la part d’un Christophe Barbier très inspiré … Le cinéma, c’est peut-être un métier finalement. 

2/ Un grand mariage (A big wedding)
Avec Robert de Niro, Diane Keaton, Susan Sarandon, Katherine Heigl, Topher Grace, Amanda Seyfried
L’avis d’un lecteur : Quel bonheur de voir tous ces grands acteurs réunis pour cette comédie si enlevée et audacieuse ! Tout est ciselé à la perfection et toujours inattendu, c’est bien simple on ne voit rien venir … Et quelle belle scène sur la relation père – fille sur le plongeoir avec Robert de Niro et Katherine Heigl, on plonge avec elle ! Merci pour ce petit moment de bonheur !
L’avis de la rédaction : Il eut sans doute été préférable qu’elle se noie à ce moment-là. On sait en tout cas maintenant à quoi ressemblera le cinéma quand Hollywood se décidera à confier définitivement les scénarios et dialogues à des robots capables d’aseptiser chaque seconde à l’écran … Une belle collection d’acteurs fatigués venus toucher leur chèque dans une collection de clichés tellement bête et repoussante qu’on hésite à croire que tout cela peut être vrai.

3/ Les profs
Avec Christian Clavier, PEF, Kev Adams, Isabelle Nanty
L’avis d’un lecteur : Les adaptations de bande dessinée sont toujours de grands moments de cinéma mais celle-ci est tout simplement géniale. PEF a parfaitement réussi à capter toute la malice des ouvrages originaux, et cela grâce à un casting audacieux de jeunes acteurs très prometteurs et que l’on a hâte de revoir. Particulièrement ce Kevin Adams, il est vraiment très rigolo !
L’avis de la rédaction : Salles lumineuses et toiles obscures s’interroge sur l’opportunité de vraiment condamner le téléchargement sur Internet, en tout cas pour certains films. Quant à Mr. Adams, elle lui souhaite une carrière pleine de réussites, s’il pouvait simplement la réorienter dans une direction moins axée sur le divertissement et/ou la culture. 

4/ Blood ties
De Guillaume Canet
L’avis d’un lecteur : Après le magnifique Les petits mouchoirs qui avait tant enchanté les cinéphiles les plus intransigeants, Guillaume Canet nous montre encore une fois qu’il n’a pas son pareil pour réaliser des films audacieux dénués de tous clichés ou grosses ficelles. Quelle noirceur … on dirait du Scorsese !
L’avis de la rédaction : Guillaume Canet a en effet voulu faire du Scorsese, pas de doutes là-dessus. C’était certes peut-être une meilleure idée que de vouloir faire du Guillaume Canet, il n’est malheureusement pas certain que le résultat ne soit pas pire.

5/ Boule et Bill
Avec Franck Dubosc et Marina Foïs
L’avis d’un lecteur : Ah ah ! Terriblement drôle ! J’ai adoré le chien ! Et Franck Dubosc, toujours au sommet !
L’avis de la rédaction : Voir Les Profs.

6/ Fast & Furious 6
Avec les mêmes que d’habitude
L’avis d’un lecteur : Toujours aussi intelligent et subtil, et pourtant toujours un peu différent des précédents. Cette façon de remettre à jour le genre du western dans un univers élégant et dénué de tous clichés mercantilistes dangereux pour la jeunesse est probablement ce qui pouvait arriver de mieux au cinéma contemporain. Scénario imprévisible, dialogues terriblement fins.
L’avis de la rédaction: Une partie de la rédaction ne croit pas à l’hypothèse de l’accident mortel de Brad Walker, invoquant plutôt la thèse du karma après 6 épisodes de la saga infligés au public et un septième à venir. Une autre partie est régulièrement aperçue quittant la rédaction pour se rendre à l’aéroport Charles de Gaulle avec des sacs remplis de clous et de blocs de béton. D’autres accidents sont peut-être à prévoir à l’avenir.

7/ Vive la France
De et avec Mickaël Youn
L’avis d’un lecteur : 8 ans après Borat, il nous manquait l’adaptation à la française … C’est donc fait, Merci Mr. Youn ! A la fois plus drôle, plus subtil et plus inventif, Vive la France est un beau testament adressé au monde sur le génie de la comédie française, toujours maline et audacieuse ! Une beau pied de nez à Hollywood qui montre que le cinéma français ne se sent lui pas obligé de mettre systématiquement des blondes siliconées au casting pour attirer les badauds dans les salles !
L’avis de la rédaction : Pardon pour ça, de la part de toute la France. On a bien mérité deux ou trois autres Fast & Furious finalement.

8/ 100% cachemire
De et avec Valérie Lemercier
L’avis d’un lecteur : Jouissif ! C’est rare d’assister à quelque chose d’aussi drôle, intelligent, profond et émouvant à la fois à la fois. On rit, on pense, on pleure, tout y est … Avec en prime une satire sociale de la bourgeoisie parisienne diablement efficace et tellement actuelle. Un film générationnel qui devrait en inspirer d’autres, en tout cas on l’espère.
L’avis de la rédaction : Dans le doute, le directeur de la rédaction a dépêché en urgence un stagiaire pour revoir le film, n’étant pas sûr que notre rédacteur chargé de sa chronique ait vu le bon.

9/ Des gens qui s’embrassent
Avec Kad Merad, Monica Bellucci, Max Boublil, Eric Elmosnino, Valérie Bonneton, Lou de Laâge
L’avis d’un lecteur : Quel bonheur que de partager pendant une heure et demie les joies, les peines, les doutes et les espoirs de cette famille si attachante ! On s’identifie tellement à ces personnages si sympathiques et si profonds, et leurs préoccupations paraissent si proches de nôtres ! C’est bien simple, on n’a pas envie de les quitter !
L’avis de la rédaction : Voir Un grand mariage. Il serait par ailleurs sans doute une bonne idée que quelqu’un se dévoue pour expliquer à Lou de Laâge qu’il y a d’autres carrières tout aussi estimables que le cinéma.

10/ Very Bad Trip 3
Avec les mêmes que d’habitude, enfin en théorie.
L’avis d’un lecteur : Todd Philips a enfin compris qu’on voulait juste voir le petit gros faire des trucs rigolos ! Fini les scénarios alambiqués, les jeux d’acteurs fatigants et les répliques compliquées, on en a enfin pour notre argent cette fois ! Vive Zac Galfiakicias … Galinacéfis … oui enfin le petit gros marrant avec sa barbe quoi !
L’avis de la rédaction : La rédaction aime aussi beaucoup Zach Galifianakis … Hollywood a donc le pouvoir de tout briser, juste pour le plaisir d’être méchant et de nous casser nos jouets.


Voilà, il nous semblait utile d’également vous présenter ces films qui ont donc marqué certains de nos lecteurs au cours de l’année passée. Nous vous laissons maintenant faire votre choix parmi ceux-ci et ceux que nous vous avions précédemment proposé. Il ne nous appartient bien entendu pas d’émettre le moindre avis sur la qualité des uns par rapport aux autres. 

A l’année prochaine pour de prochains classements tout aussi pointus.

La rédaction, sauf quelques membres n’ayant pas voulus être associés à ce billet.
A noter la croix de Vin Diesel. Logique, Jésus aurait sûrement fait dans le tuning s'il était né aujourd'hui

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