mercredi 24 septembre 2014

Elle l'adore

Comédie dramatique française de Jeanne Herry - 1h45
Avec Sandrine Kiberlain et Laurent Laffite

Rencontrer Kev Adams en vrai : une expérience dont on ne ressort pas indemne

Présentation : Muriel est méga-fan du célèbre chanteur Vincent Lacroix, jusqu'au jour où celui-ci s'immisce dans sa vie de façon assez surprenante ... Ce film a été réalisé par Jeanne Herry qui est dans la vraie vie la fille de ... Julien Clerc (et Miou-Miou accessoirement). Je vous laisse faire le rapprochement comme des grands.

A première vue, c'est à dire grâce à la bande-annonce et la présentation forcément sommaire d'Allociné, on pouvait a priori s'attendre à :
  • une comédie ? Étrange vu le thème quand même un peu glauque mais c'est en tout cas comme ça que notre Allociné préféré le référence. On imaginerait plutôt une "comédie dramatique" à mi-chemin entre poilade et tragédie, c'est en tout cas ce que la bande-annonce laisse plutôt croire.
  • une réflexion sur la starification et l'idolâtrie, avec Sandrine Kiberlaim en fan un peu excessive. Un Confessions Intimes un peu plus sophistiqué en quelque sorte.

Autant le dire tout de suite, Elle l'adore n'est rien de tout ça et tant mieux. Pas d'apitoiement larmoyant sur une pauvre petite esthéticienne incapable de donner un autre sens à sa vie que d'aduler un homme qu'elle ne connaît même pas. Pas non plus de mélange des genres entre comédie et drame car, malgré quelques situations comiques souvent bien trouvées, Elle l'adore n'a vraiment rien d'une comédie, ni d'ailleurs vraiment d'un drame non plus.

Non, Elle l'adore est en fait un polar tout simple mais surprenant de maîtrise, souvent malin là où on ne l'attend pas forcément. Le film de Juliette Herry réussit en effet l'étonnant pari d'être un vrai film de genre sans quasiment aucune subtilité esthétique, porté par la seule force de son scénario et de son casting. Un scénario d'ailleurs lui aussi assez surprenant qui part d'emblée à 200 à l'heure, évacuant tout de suite la tentation du pesant drame psychologique.

Contrairement à ce qu'on pouvait pressentir, Elle l'adore n'est pas un face-à-face entre Sandrine Kiberlaim et Laurent Laffite, qui ne communiquent d'ailleurs au final presque jamais ici, mais plutôt une succession de numéros de solistes où chacun des deux excelle à tour de rôle. Car une des grandes forces du film est bien la prestation assez jouissive de deux acteurs à qui Juliette Herry demande un double jeu, puisqu'il s'agit ici justement pour leurs personnages respectifs de se dissimuler du début à la fin. Mise en abîme assez exigeante pour laquelle il fallait deux acteurs absolument impeccables, capables de domestiquer la moindre intonation ou expression du visage : c'est chose faite avec ces deux-là, et ce jeu fascinant transcende petit à petit un film qui aurait pu au début n'apparaître que comme un banal polar TV. Si ce n'est pas vraiment une surprise pour Sandrine Kiberlain, dont on savait belle lurette qu'elle pouvait à peu près tout jouer, c'est une confirmation un peu plus rassurante pour Laurent Laffite, certes sociétaire de la Comédie Française mais aussi habitué des nanars ces dernières années.

On pourra bien sûr pointer quelques défauts : une mise en scène très sommaire, une histoire dans l'histoire un peu absurde, une fin un peu courte ... Des défauts qui rappellent tous que le long-métrage de Jeanne Herry est plus une agréable surprise qu'un chef d’œuvre, mais qui n'enlèvent cela dit rien à l'expérience offerte au spectateur. Elle l'adore est en effet bel et bien un film devant lequel on ne s'ennuie jamais et qui continue de surprendre (un peu) jusqu'à la fin, et c'est quand même là le signe d'une œuvre plus que réussie.

Note : 8 (Barème notation)

La bande-annonce


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