mardi 21 octobre 2014

Magic in the moonlight

Comédie dramatique US de Woody Allen - 1h38
Avec Colin Firth et Emma Stone

Les férias du Sud de la France s'embourgeoisent de plus en plus ...

Woody Allen qui retrouve l’Europe, ça n’était à première vue pas la nouvelle de l’année.  Un an après avoir reconquis en partie le public et la critique avec Blue Jasmine, on se serait ainsi bien passé d’une nouvelle escapade française dans la filmo de Woody, qui n’avait pas été loin de toucher le fond avec To Rome with Love, dernière étape très dispensable de sa grande tournée européenne. Ce qui frappe pourtant dès les premiers instants dans Magic in the moonlight, c’est que Woody Allen n’est pas revenu sur notre Vieux Continent pour nous refaire le pénible coup de la carte postale, procédé de plus en plus périmé où le superficiel des dorures et du folklore pour touristes semblait prendre le pas sur l’intelligence des études de mœurs.

Malgré la beauté des cadres et des lumières, Magic in the moonlight n’est ainsi pas la laborieuse reconstitution historique des années folles sous le soleil de Provence que l’on aurait pu attendre de la part d’un réalisateur qui n’avait retenu de Paris que Versailles et l’île Saint-Louis pour son très schématique Midnight in Paris. Finis aussi les castings à rallonge de To Rome with Love et You Will Meet a Tall Dark Stranger où il semblait chercher obstinément à se raccrocher à l’air du temps en s’affichant avec tous les derniers acteurs à la mode, d’où des films choraux sans grande colonne vertébrale.

Au lieu de cela, Magic in the moonlight est un film certes pas très neuf, on y retrouve les éternelles interrogations existentielles de l’enfant de Brooklyn, mais d’une simplicité et d’une efficacité assez redoutable. Abandonnant nombre d’artifices, Woody Allen revient à ce qu’il sait faire le mieux : un scénario simple et bien dialogué, des personnages parfaitement stéréotypés mais tout aussi bien caractérisés et un fil rouge philosophique donnant de la cohérence au tout. 

Surtout, il retrouve la malice que l’on peinait de plus en plus à discerner dans ses dernières productions, une intelligence bienvenue qui place ce Magic in the moonlight dans la grande tradition des screwball comedy US où le vieux mâle imbu de lui-même finit toujours par se faire donner la leçon par la jeune ingénue, ici interprétés par Colin Firth et Emma Stone. Mais s’il y a beaucoup de Lubitsch ou de Wilder dans cette charmante fable métaphysico-romantique, tout le talent de Woody Allen est aussi de faire du neuf avec du vieux. 

Rien n’est en effet révolutionnaire ici : éternel cadre bourgeois, éternelle ritournelle jazzy en thème musical, éternel hésitation existentielle entre le pessimisme matérialiste le plus total et la crédulité spirituelle la plus absolue, et bien sûr éternelle romance de deux êtres que tout oppose pourtant … Là-dedans, tout est donc affaire de dosage et d’intelligence dans la façon d’amener le cours des choses, que l’on devine plus ou moins dès le début. Magic in the moonlight tient alors tout entier dans la théâtralité de ses situations et l’acuité des face-à-face entre les deux héros, sublimée à  la fin du film dans une géniale et loufoque demande en mariage qui est sans doute l’un des meilleures scènes que nous ait offert Woody Allen depuis un paquet de temps.

Au rang des surprises on retiendra par contre le vrai tempo comique d’un Colin Firth que l’on n’attendait sûrement pas aussi efficace dans ce rôle de magicien dépressif obsédé par la raison que Woody Allen semble avoir pris un plaisir particulier à écrire, double évident de lui-même. Étonnant d’ailleurs que ces deux-là aient mis si longtemps à se trouver tant Colin Firth semblé né pour jouer du Woody Allen avec son flegme à  l’anglaise et sa capacité à s’auto-caricaturer. On appréciera aussi le choix d’Emma Stone tant Woody Allen semblait galérer depuis des années pour trouver une actrice comique digne de ce nom, au point d’avoir eu l’idée folle de faire jouer Scarlett Johansson dans des comédies … Un casting dans l’ensemble resserré mais sans faute de goût (à noter le trop rare Hamish Linklater en playboy amoureux transi), ce qui résume bien le succès d’un film qui s’en tient à l’essentiel.

La bande annonce


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