mardi 25 février 2014

Cette semaine sur mes écrans : 26 février - 4 mars 2014

Pas de grandes déclarations cette semaine mais j'essaierais de me rattraper en retrouvant le chemin des salles, que j'avais du déserter la semaine dernière à cause d'une programmation un peu tristounette. Un beau moment d'émotion sans aucun doute.
Je ne vous avais pas encore présenté les derniers travaux réalisés dans les locaux de SLETO. Erreur réparée.

Un film que j'ai très envie de voir

Le Sens de l'humour
Comédie dramatique - France (1h30)
Réalisé par Maryline Canto
Avec Maryline Canto, Antoine Chappey
Un film que ne paie pas de mine mais qui a le mérite d'être réalisé par Maryline Canto et interprété par cette dernière et Antoine Chappey (son compagnon à la ville), deux acteurs m'ayant beaucoup amusé et séduit dans le charmant Le prochain film qui m'avait ravi l'été dernier (voire mon top 2013).  Il y a au vu de la bande-annonce un peu de la légèreté et de l'intelligence qui m'avait conquis dans le dernier film de René Féret, et je l'espère aussi la même justesse d'interprétation, qui pourrait faire de ce Sens de l'humour un de mes coups de cœur de 2014. Je croise les doigts, une déception affecterait grandement mon humeur et serait une mauvaise nouvelle pour le pauvre film qui devra passer après.


Et justement ...

Un film que je n'ai pas plus envie de voir que ça mais que j'irais quand même sûrement voir

The Grand Budapest Hotel
Comédie - US (1h40)
Réalisé par Wes Anderson
Avec à peu près tous les acteurs auxquels vous pensez en ce moment (oui lui, et lui aussi)
Personne ne doute, et moi non plus, que Wes Anderson soit un petit génie et son dernier film en date (Moonrise Kingdom) m'avait plutôt séduit comme la plupart des longs métrages d'un réalisateur indéniablement doué et surtout unique en son genre. Deux choses me tracassent toutefois. D'abord, Wes Anderson a réalisé les dernières réclames pour Prada et ce genre d'acoquinage avec le grand capital me donne vraiment envie de dégobiller sec. D'autre part, et cette pub ridicule avec Léa Seydoux en est d'ailleurs le symptôme, il me semble que les pirouettes visuelles et esthétiques commencent un peu à prendre le pas sur tout le reste dans l'univers de Wes Anderson et j'avoue que cette vision du cinéma m'intéresse peu, pour ne pas dire pas du tout. Mais je serais ravi de me tromper et de constater avec The Grand Budapest Hotel que le cinéma de Wes Anderson n'est pas qu'un grand feu d'artifices que l'on a déjà oublié 10 minutes après la fin des festivités.



Un film que je n'ai pas plus envie de voir que ça et que je n'irais peut-être pas voir

Week-ends
Comédie dramatique - France (1h30)
Réalisé par Anne Villacèque
Avec Noémie Lvovsky, Karine Viard, Jacques Gamblin
Une version un peu moins bête des Petits mouchoirs à première vue : on ne peut pas dire que ça soit la première fois que le cinéma français nous sorte un film de potes qui font le point sur leur vie en vacances à la campagne. Un film sans scénario fulgurant mais avec Karine Viard, ce qui sert apparemment à monter un film de nos jours, et avec la maintenant confirmée Noémie Lvovsky qui aurait tout aussi bien pu écrire ce film vu qu'elle a l'air d'aimer ça les histoires de famille compliquées. A la décharge du cinéma français, ça a quand même l'air moins pénible que son équivalent américain Un été à Osage County qui sort aussi cette semaine et qui me donne des boutons rien qu'à voir la bande-annonce et cette collection de stars venus là juste pour récolter leur chèque et une nomination aux Golden Globes. Sûrement pas le film de l'année mais peut-être le pire non plus.



Et voilà, cette fois promis nous allons reparler de tout ça.

Bonnes séances d'ici là 

Le speed-dating en musée : le dernier phénomène à la mode pour les cadres parisiens en manque de temps voulant concilier culture et rencontres

dimanche 23 février 2014

Courrier des lecteurs : la semaine d'Eugène, rédacteur à SLETO



Cher médiateur,

Oublions les formules de politesse car vous avez face à vous un lecteur excédé. Votre réponse à mon précédent courrier n’était-elle qu’un énième subterfuge visant à vous moquer ouvertement de votre lectorat par une lamentable pirouette ? Les semaines se suivent et se ressemblent en effet et votre productivité ressemble de plus en plus clairement à celle  d’un apathique paresseux somnolant paisiblement perché en haut d’un arbre. Bien que peu enthousiaste, votre dernier agenda laissait pourtant espérer un minimum de professionnalisme, qui est encore une fois bien loin d’être au rendez-vous. Ayant rencontré pas plus tard qu’hier d’autres lecteurs tout aussi perplexes que moi face à cette situation, laissez-moi vous dire que vous n’êtes plus qu’à quelques instants du dépôt de bilan si vous ne vous ressaisissez pas rapidement.

Plus très cordialement,

Marc Batravic (Caen, Calvados)

-

Cher Marc,

Je comprends votre désarroi, la lecture de SLETO étant je l’imagine ce petit instant de bonheur illuminant votre journée dont l’absence peut alors vous plonger dans des océans d’amertume.

Concernant le dernier agenda de la semaine, j’ai bien peur de devoir vous confesser qu’il est parfois dangereux de trop faire confiance aux différentes annonces de notre rédaction. Si celle-ci est assez morcelée, l’individualisme ayant atteint à SLETO des sommets jusque-là jamais même imaginés, tous nos rédacteurs, mêmes les plus brillants, partagent par contre une étonnante capacité à ne quasiment jamais tenir leurs promesses, ce qui a déjà provoqué mille remous dans la vie interne de notre société.

Sachez par exemple, car je me rends bien compte Marc que nous vous devons de plus amples et honnêtes explications, que notre bien aimé rédacteur en chef attend depuis des semaines un grand papier sur l’utilisation du subjonctif dans le cinéma de Quentin Tarantino promis par deux de nos plus éminents contributeurs, et que celui-ci ne semble toujours pas sur le point d’être commencé malgré les nombreuses remontrances ayant été faites à ces derniers. Prétextant une lourde charge de travail et une recherche documentaire exigeant d’eux un investissement de tous les instants, il semblerait pourtant que les deux individus susnommés aient été aperçus hier au Parc Astérix en train de déguster de la barbapapa ce qui vous en conviendrez Marc n’est guère le comportement que l’on est en droit d’attendre de rédacteurs chevronnés, même si cela a au moins donné l’idée à notre rédacteur d’installer une machine à barbapapa à la rédaction pour pousser la productivité de ses collaborateurs.

Ceci étant dit, il me semble utile pour que vous compreniez encore mieux notre difficulté à vous fournir un contenu de qualité régulier de vous donner un aperçu d’une semaine typique d’un de nos rédacteurs, que je ne nommerais pas par souci d’anonymat, et parce qu’il ne sait pas encore que le reste de la rédaction l’espionne depuis des mois. Nous avons par ailleurs préféré laisser de côté tous nos rédacteurs se droguant ou abusant trop souvent de l’alcool, ce qui n’aurait été ni convenable ni vraiment représentatif des réels efforts déployés par le reste de la rédaction pour combler d’aussi fidèles lecteurs que vous.

Le sommeil reste la valeur centrale de la Charte des rédacteurs de SLETO adoptée à l'unanimité en début d'année

Nous appellerons notre rédacteur Eugène pour les besoins de l’exercice, mais il aurait tout aussi bien pu s’appeler Donald.

Mercredi : Eugène débarque à la rédaction aux alentours de 13 heures et part tout de suite déjeuner avec quelques autres membres eux aussi pressés de quitter les locaux, généralement infestés de toutes sortes d’odeurs, voire de rongeurs. Le repas est animé et de nombreux sujets sont abordés, à la notable exception du cinéma qui ne semble pas tellement les préoccuper. Revenu à la rédaction, Eugène vérifie qu’il n’a toujours pas eu le moindre email depuis son entrée en fonction il y a 3 ans et quitte donc la rédaction vers 16h30. Arrivé chez lui, il réalise que l’on est mercredi et que mercredi est jour de sorties au cinéma et qu’il faudra probablement qu’il fasse quelque chose de cette information dans un avenir proche. Le reste de sa journée se partage entre le poker en ligne et skyper avec sa compagne, installée depuis peu à Quimper pour relancer son entreprise de confections de bonnets jusque-là peu florissante.

Jeudi : Quelque peu déprimé par l’absence de sa compagne, Eugène appelle la rédaction vers 11 heures en prétextant un ennui de plomberie qui l’empêchera de venir aujourd’hui, apostrophe violemment le rédacteur en chef adjoint qui lui rappelle qu’il n’a ni toilettes ni évier ni douche dans son appartement et finit par avouer qu’il n’a tout simplement pas envie de venir, ce qui satisfait son supérieur ayant de toute façon l’intention de s’en séparer prochainement. Tout de même angoissé par l’idée de perdre son emploi, Eugène finit par se rendre sur Allociné pour consulter quelques bandes-annonces mais est vite happé par les pubs envahissant son écran et passe la soirée à consulter divers moyens de s’enrichir rapidement et d’augmenter de façon substantielle la taille de outil de reproduction.

Vendredi : Se réveillant avec la même anatomie mais avec le souvenir d’avoir effectué des virements bancaires peu sûrs, Eugène finit tout de même par se ressaisir et se rappelle alors qu’il pourrait consulter l’agenda hebdomadaire de la rédaction pour trouver un film à chroniquer. Très emballé par un dessin animé étant justement sorti ce mercredi, il appelle tout de suite notre directeur des contenus pour l’en avertir mais doit malheureusement se rendre à l’évidence : La belle et la bête n’est pas un dessin animé mais bien un film. Dépité, il finit tout de même par se rabattre sur un film nord-coréen sorti il y a déjà 4 mois et que notre directeur essaie désespérément de refiler depuis, persuadé que SLETO doit investir le champ du cinéma d’art et d’essai. Eugène accepte mollement puis découvre trois heures et quelques vodka-pommes après que le dit film n’est projeté que dans deux salles en France, à Angers et à Montreuil. Peu emballé par cette information, il décide de remettre à plus tard toute décision et d’aller rejoindre des amis organisant une soirée Rapido dans le bar le plus proche.

Samedi : Individu très pieux, Eugène célèbre le samedi saint et médite longuement sur les souffrances du Christ et les siennes à venir, qui y ressembleront sans doute.

Dimanche : Eugène pense un moment à se rendre à Montreuil pour visionner La malédiction du serpent des monts Koji mais se rappelle que Montreuil est de l’autre côté du périphérique et qu’il est donc hors de question qu’il se rende si loin, même par impératif professionnel. Il appelle alors le directeur de la rédaction pour savoir s’il est envisageable de faire passer un billet de train pour Angers en note de frais mais tombe sur son répondeur, celui-ci observant le dimanche saint et méditant aussi sur les souffrances du Christ, et probablement également sur celles d’Eugène à venir.

Lundi : S’étant vu refuser son billet pour Angers sous prétexte que son pass Navigo lui suffit pour se rendre à Montreuil, Eugène pense un moment à démissionner mais se rappelle que son conseiller Pôle Emploi lui a récemment expliqué que son RSA ne pouvait lui être versé que s’il occupait un emploi d’au moins 15 heures par semaine, peu importe lequel. Eugène réalise alors qu’il n’a travaillé que 2 heures dans la semaine jusque-là et se résout à tenter le diable et à se rendre à Montreuil. C’est le moment que choisit sa compagne pour débarquer par surprise dans son appartement, son activité à Quimper étant brusquement interrompue par la révolution s’étant déclarée en Bretagne et la répression féroce de l’armée venant d’être envoyée par un Jean-Marc Ayrault survolté. Baignant dans le ravissement d’avoir retrouvé sa chère moitié, Eugène oublie les serpents nord-coréens et se laisse sombrer dans une douce concupiscence.

Mardi : La moitié de la Bretagne ayant été rasée et le calme étant donc revenu, Antoinette (nous appellerons ainsi la compagne d’Eugène) repart la mort dans l’âme à Quimper après des adieux touchants avec Eugène, très affecté par ce triste coup du sort. N’ayant pas le courage de se traîner jusqu’à Montreuil, Eugène préfère noyer son désespoir dans un reste de vodka industrielle ramenée d’un voyage en Biélorussie il y a 15 ans. Avant de basculer complètement dans l’inconscience il écrit à la va-vite quelques paragraphes sur ce film nord-coréen qu’il n’a pas vu, en insistant notamment sur le symbolisme évident entre serpent et pénis, et l’envoie dans la foulée à notre directeur des contenus sans même l’avoir relu. Il s’effondre quelques instants plus tard.

Mercredi : Arrivé comme d’habitude à la rédaction à 4h30 du matin pour truquer les comptes en toute tranquillité, notre directeur des contenus prend connaissance de la chronique envoyée par Eugène à 1h37 du matin. Quelque peu étonné par les nombreuses fautes d’orthographe, celui-ci est en revanche très agréablement surpris par la qualité du papier et se félicite d’avoir insisté pour que SLETO s’oriente vers d’autres cinémas plus intellectuels, qui lui permettront sans aucun doute de conquérir de nombreux publics. Il note sur un post-it d’attendre encore quelques semaines avant de licencier Eugène, ne serait-ce que pour toucher les aides destinées aux entreprises engageant des handicapés mentaux, et de contacter l’équipe de production de La malédiction du serpent des monts Koji, qui seront certainement enchantés de la publicité leur étant faite sur SLETO.

J’espère que cet aperçu vous donnera Marc une petite idée du défi quotidien auquel est confrontée la direction de SLETO, devant tous les jours user de milles ruses et pirouettes pour entretenir la motivation de troupes dont le professionnalisme est comme vous le voyez très relatif.

Dans l’espoir de vous compter toujours parmi nos fidèles lecteurs,

Votre médiateur.

Le second petit boulot permettant à Eugène de compléter son RSA

mercredi 19 février 2014

Cette semaine sur mes écrans : 19-25 février 2014

Les sorties de ce mercredi ne m'inspirant pas vraiment, j'ai dû cette semaine aller chercher en bas, tout en bas de la page Nouveautés d'Allociné pour trouver quelque chose ressemblant à peu près à une œuvre originale me donnant envie d'y consacrer quelques heures de ma vie. Conséquence logique, SLETO s'ouvre cette semaine au world cinéma. Tout arrive.

En manque d'argent, Fabrice Eboué s'est reconverti dans la reconduite à la frontière. Merci Manuel Valls.

Béthléem
Thriller - Israël (1h39)
Réalisé par Yuval Adler
Avec Tsahi Halevi, Shadi Mar'i
Film dont je n'avais bien entendu jamais parler parce qu'il est plus intelligent de passer 500 fois la bande annonce de Supercondriaque dans les salles pour éduquer le bon peuple, Béthléem est pourtant d'assez loin le film m'intéressant le plus cette semaine et ce sans aucune relation particulière avec le fameux contexte du conflit israélo-palestinien. Premier film du journaliste palestinien Yuval Adler, Béthléem a en effet potentiellement tout du thriller intelligent, haletant et bien calibré qui pourrait me réconcilier avec un genre qui m'intéresse d'habitude bien peu. Un pari a priori peu risqué.

Gloria
Comédie dramatique - Chili (1h50)
Réalisé par Sebastian Lelio
Avec Paulina Garcia
Je fuis généralement comme la peste les films sur le bonheur mais vu le peu de choix que me laisse le reste des sorties de la semaine il est tout de même possible que je me laisse tenter par ce film déjà acclamé un peu partout dans le monde. Il est peu probable que Gloria atteigne les sommets de mon Top 2014 comme l'avait fait son compatriote chilien No en 2013 (voir le Top 2013) mais un film pas trop mièvre fera l'affaire parce qu'il me faut bien un peu de matière pour écrire tout ça.


Le crocodile du Botswanga
Comédie - France (1h30)
Réalisé par Fabrice Eboué et Lionel Steketee 
Avec Fabrice Eboué, Thomas N'Gigol, Claudia Tagbo
Il y a un bon moment que j'ai compris que les films écrits sur commande pour comiques télé étaient 9 fois sur 10 des tristes nanars à peine sauvés par quelques bonnes vannes. Je n'attends pas grand chose d'autre du dernier film du duo N'Gigol / Eboué mais comme vous le savez depuis à peu près 30 secondes il va bien falloir que je trouve quand même des choses à dire entre le 19 et le 25 février donc ça fera l'affaire.

Peu probable que cette semaine rentre dans l'histoire.

Bonnes séances quand même

Assez inexplicablement, Béthléem s'est vu refuser sa sélection au festival du film comique de l'Alpe d'Huez. Les préjugés, toujours.


mardi 18 février 2014

Macadam Baby : l'Auberge du 18ème



Premier long-métrage de Patrick Bossard, Macadam Baby a tout du premier film où l’on se demande parfois quelle initiation suit-on, celle de son héros ou celle de son auteur, si tant est que la différence ait un sens. Comédie assez enlevée bien que complètement schématique voire réchauffée, ce galop d’essai a un peu le charme d’un film de Klapisch qui n’aurait pas franchi les frontières du dix-huitième arrondissement faute de moyens.

Zoey Deschanel n'était pas dispo, il a fallu faire avec les moyens du bord

Il ne faut pas beaucoup de temps pour comprendre où Macadam Baby va nous emmener. Comédie sympatoche un peu dramatique quand même, l’entrée de Patrick Bossard dans le monde des grands choisit de travailler un thème mille fois vu mais toujours efficace : la montée à la capitale d’un jeune benêt naïf mais attachant qui s’apprête évidemment à tomber amoureux de la première fille venue et à se mettre dans la merde jusqu’au cou pour faire le beau.

A peu près dénué de tout pari de réalisation et uniquement concentré sur son récit, Macadam Baby ressemble d’ailleurs terriblement à un film oublié de Cédric Klapisch que celui-ci aurait tourné avant L’Auberge espagnole avant d’essayer de faire tout de même un poil moins caricatural. D’un héros ressemblant étrangement à son Xavier à la bonne vieille voix off pour sympathiser avec le spectateur en passant par le coup de l’appart communautaire à l’arrache, tout y est. Romain Duris mériterait d’ailleurs presque d’être mentionné au casting tant sa présence hante un film qui aurait sans aucun doute employé ses services s’il avait été tourné il y a quinze ans.

Tourné presque exclusivement dans trois pâtés de maison du dix-huitième arrondissement, Macadam Baby a sinon les défauts et les qualités d’un film de potes tourné dans son quartier, aussi touchant de simplicité et d’honnêteté que parfois un peu gênant de naïveté et de prévisibilité. Passés quelques passages obligés dont on se serait bien passé, le film de Patrick Bossard parvient tout de même étonnamment à ne jamais vraiment tomber dans l’amateurisme et à dispenser régulièrement de bons moments comiques qui font plus que simplement passer le temps, ce qui est déjà ça.

En assumant jusqu’au bout son côté presqu’enfantin, Macadam Baby a par ailleurs au moins le mérite de la cohérence et finit tout de même par arracher quelques sourires tendres devant tant de bons sentiments si dénués de tout cynisme. Pas sûr bien entendu que ces Pieds Nickelés de la butte Montmartre passent la nuit au Panthéon du cinéma mais ils ne méritent pas pour autant de finir dans les catacombes des nanars, et c’est déjà au fond beaucoup pour un premier film prenant à un tel point le parti du cliché.

Quelques mois après la fin des aventures de Xavier, voici peut-être le nouveau Klapisch, prêt à s’embarquer pour une décennie de films générationnels gentillets. Cher Patrick Bossard, c’est le moment de trouver ton Romain Duris.



Note : 7 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce

A suivre :

"Écoute moi petit con, on m'avait promis Romain Duris pas un gamin avec un sweat à capuche"

dimanche 16 février 2014

Les Grandes Ondes (à l'ouest) : Liberté !



Supercondriaque, prototype de la lamentable et fatiguée comédie à gros cachet de et avec Dany Boon, sort le 26 février prochain. Dans cet océan de médiocrité et de films appâtant le badaud à grands coups de marketing pour les nuls, un petit village résiste pourtant toujours à l’envahisseur et se bat pour offrir de temps à autre un objet comique non totalement identifié. Mais d’où sonne la révolte ? De la Suisse évidemment. 

Le remplaçant de Yann Barthès au Petit Journal pour la rentrée prochaine. Tout est dans la moustache.

En sortant le premier OSS 117 en 2006, Michel Hazanavicus n’a pas seulement permis à Jean Dujardin de se réserver des petits rôles de français charmeur à accent dans toutes les grandes productions américaines de la décennie à venir (voir ici, et ici). OVNI du cinéma français, et qui le reste malheureusement toujours à l’heure où l’on continue à nous massacrer à coups de comédies bankables écrites avec à peu près autant d’inventivité qu’un pub pour Colgate, l’œuvre de Monsieur Bénénice Béjo était la magnifique preuve qu’il est encore possible d’allier exigence artistique et rire de masse et de faire de la fameuse « comédie populaire » sans prendre le dit peuple pour un ignare.

Pas vraiment suivi d’effets en France même si un troisième opus est prévu pour 2015, l’impact d’OSS 117 a heureusement dépassé les frontières de l’hexagone et c’est donc en Suisse que l’on retrouve aujourd’hui la trace du beau rire, en la présence du surprenant dernier film de Lionel Baier : Les grandes ondes (à l’ouest). 

Pourtant peu coutumier du cocasse jusque-là, Lionel Baier signe en effet avec cette étonnante aventure helvético-portugaise une savoureuse comédie écrite avec au moins autant d’intelligence que de légèreté, défi infiniment plus complexe qu’il n’y parait. Comme OSS 117, Les grandes ondes a l’humour habile et une belle vivacité qui lui permettent de ne jamais lasser, chaque scène proposant presque son propre univers et produisant par là même une sympathique impression d’éternel recommencement.

Pas effrayée par le loufoque et l’absurde mais sans jamais tomber dans le vain exercice de style qui ne s’adresserait qu’à quelques happy few, la réussite des Grandes ondes est également rendue possible par un trio d’acteurs parfaitement dans le rythme comique exigé par le genre parodique. Si l’on connaissait depuis un moment le potentiel drôlatique de l’ami Michel Vuillermoz même s’il était surtout jusque-là cantonné aux seconds rôles, la performance de Valérie Donzelli est une très agréable surprise venant d’une actrice plus habituée aux drames, ou en tout cas peu habituée à ce type de comédies très décalées. Un duo vedette subtilement complété par le local de l’étape Patrick Lapp, animateur radio apparemment fameux de l’autre côté du Lac Léman et qui prouve qu’après la Belgique la proche francophonie reste un formidable filon comique.

A la différence d’OSS 117, il est à noter que Les grandes ondes fait également le pari d’une certaine esquisse de réflexion sur la libération du Portugal et son éventuelle résonance avec l’actualité, la cocasse amnésie de Michel Vuillermoz ayant alors valeur de symbole dans tout cela. Tantôt d’une tendresse touchante, tantôt quand même un peu naïve, cette ambition n’est sans doute pas la partie la plus intéressante de l’œuvre  mais ne dessert pas assez l’ensemble pour vraiment gâcher quoi que ce soit, donnant même une coloration doucement mélancolique assez agréable au tout.

On pensera pour finir ce que l’on veut de la conclusion de l’œuvre, pas forcément très subtile. Cela n’enlève dans tous les cas rien à un film puissamment drôle comme on n’en fait plus beaucoup dans notre pays et qu’il est quand même regrettable de devoir aller chercher dans un pays où l’on vote pour tout et n’importe quoi avec un accent ridicule et des caves pleines de tableaux confisqués aux juifs dans les années 30.

Il est temps de te réveiller cinéma français.

La liberté vaincra.


Note : 8,5 (Barème de notation)

Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce




A suivre :  Macadam Baby 

La vie avant l'iPhone et la 4G. Merci Steve Jobs.