dimanche 16 février 2014

Les Grandes Ondes (à l'ouest) : Liberté !



Supercondriaque, prototype de la lamentable et fatiguée comédie à gros cachet de et avec Dany Boon, sort le 26 février prochain. Dans cet océan de médiocrité et de films appâtant le badaud à grands coups de marketing pour les nuls, un petit village résiste pourtant toujours à l’envahisseur et se bat pour offrir de temps à autre un objet comique non totalement identifié. Mais d’où sonne la révolte ? De la Suisse évidemment. 

Le remplaçant de Yann Barthès au Petit Journal pour la rentrée prochaine. Tout est dans la moustache.

En sortant le premier OSS 117 en 2006, Michel Hazanavicus n’a pas seulement permis à Jean Dujardin de se réserver des petits rôles de français charmeur à accent dans toutes les grandes productions américaines de la décennie à venir (voir ici, et ici). OVNI du cinéma français, et qui le reste malheureusement toujours à l’heure où l’on continue à nous massacrer à coups de comédies bankables écrites avec à peu près autant d’inventivité qu’un pub pour Colgate, l’œuvre de Monsieur Bénénice Béjo était la magnifique preuve qu’il est encore possible d’allier exigence artistique et rire de masse et de faire de la fameuse « comédie populaire » sans prendre le dit peuple pour un ignare.

Pas vraiment suivi d’effets en France même si un troisième opus est prévu pour 2015, l’impact d’OSS 117 a heureusement dépassé les frontières de l’hexagone et c’est donc en Suisse que l’on retrouve aujourd’hui la trace du beau rire, en la présence du surprenant dernier film de Lionel Baier : Les grandes ondes (à l’ouest). 

Pourtant peu coutumier du cocasse jusque-là, Lionel Baier signe en effet avec cette étonnante aventure helvético-portugaise une savoureuse comédie écrite avec au moins autant d’intelligence que de légèreté, défi infiniment plus complexe qu’il n’y parait. Comme OSS 117, Les grandes ondes a l’humour habile et une belle vivacité qui lui permettent de ne jamais lasser, chaque scène proposant presque son propre univers et produisant par là même une sympathique impression d’éternel recommencement.

Pas effrayée par le loufoque et l’absurde mais sans jamais tomber dans le vain exercice de style qui ne s’adresserait qu’à quelques happy few, la réussite des Grandes ondes est également rendue possible par un trio d’acteurs parfaitement dans le rythme comique exigé par le genre parodique. Si l’on connaissait depuis un moment le potentiel drôlatique de l’ami Michel Vuillermoz même s’il était surtout jusque-là cantonné aux seconds rôles, la performance de Valérie Donzelli est une très agréable surprise venant d’une actrice plus habituée aux drames, ou en tout cas peu habituée à ce type de comédies très décalées. Un duo vedette subtilement complété par le local de l’étape Patrick Lapp, animateur radio apparemment fameux de l’autre côté du Lac Léman et qui prouve qu’après la Belgique la proche francophonie reste un formidable filon comique.

A la différence d’OSS 117, il est à noter que Les grandes ondes fait également le pari d’une certaine esquisse de réflexion sur la libération du Portugal et son éventuelle résonance avec l’actualité, la cocasse amnésie de Michel Vuillermoz ayant alors valeur de symbole dans tout cela. Tantôt d’une tendresse touchante, tantôt quand même un peu naïve, cette ambition n’est sans doute pas la partie la plus intéressante de l’œuvre  mais ne dessert pas assez l’ensemble pour vraiment gâcher quoi que ce soit, donnant même une coloration doucement mélancolique assez agréable au tout.

On pensera pour finir ce que l’on veut de la conclusion de l’œuvre, pas forcément très subtile. Cela n’enlève dans tous les cas rien à un film puissamment drôle comme on n’en fait plus beaucoup dans notre pays et qu’il est quand même regrettable de devoir aller chercher dans un pays où l’on vote pour tout et n’importe quoi avec un accent ridicule et des caves pleines de tableaux confisqués aux juifs dans les années 30.

Il est temps de te réveiller cinéma français.

La liberté vaincra.


Note : 8,5 (Barème de notation)

Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce




A suivre :  Macadam Baby 

La vie avant l'iPhone et la 4G. Merci Steve Jobs.
 

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