jeudi 11 septembre 2014

Mademoiselle Julie (Miss Julie)

Drame norvégien de Liv Ullmann - 2h13
Avec Jessica Chastain et Colin Farrell

L'adaptation cinéma du livre de Valérie Trierweiler s'annonce lyrique. Ici la scène de rencontre avec Michel Sapin.

Présentation : pièce culte du dramaturge suédois Augsut Strindberg (1889), Mademoiselle Julie est loin d'en être à sa première adaptation mais n'en finit apparemment pas d'exciter la curiosité des cinéastes, toute générations et contrées confondues. C'est donc aujourd'hui Liv Ullmann, ancienne égérie et épouse d'Ingmar Bergamn, qui s'atèle à la tâche de cette œuvre qui fit largement scandale à l'époque : en 1890 en Irlande, la jeune et noble Mademoiselle Julie s'éprend de John, simple valet de la maisonnée.  Feux et passions garantis.

Le propre des adaptations, c'est souvent de décevoir. A l'heure d'adapter un des textes les plus adaptés du XXème siècle, Liv Ullmann devrait donc bien se douter que nombre de passionnés l'attendaient au tournant. Et justement le propre du passionné, c'est souvent de crier au diable quand un impertinent ose s'attaquer à l'original, forcément coupable de dénaturer le texte sacré.

L'avantage de ce Mademoiselle Julie, c'est qu'il n'empêchera sûrement pas de dormir ceux qui affichent fièrement le volume de Strindberg dans leur belle bibliothèque. Pas de danger en effet de ce côté-ci, le long-métrage de Liv Ullmann a bien tous les brevets de fidélité au texte, dont sans doute quelques uns de trop.

Car là où le film ravira en effet sûrement les puristes, il ne semble jamais faire l'effort de prendre par la main les autres, trop obsédé par un académisme extrême qui ne lui autorise aucune respiration ou innovation. Plus théâtral que cinématographique, l'adaptation de Liv Ullmann ne se donne ainsi pas beaucoup d'atouts pour être autre chose que du théâtre filmé, l'absolue fidélité au texte du début à la fin finissant presque par devenir une prison pour une œuvre qui méritait sans doute mieux que ce rigorisme très scandinave.

A moins d'être séduit d'emblée par ce texte et cette histoire, qui ont malheureusement sans doute pris quelques rides, difficile ainsi de rentrer dans un film qui n'aide pas beaucoup à aller voir au-delà des longueurs et des répétitions dramatiques d'une œuvre tout de même un peu datée. C'est dommage car le fond du texte reste puissant et un quelconque parti-pris artistique, une forme de modernisation de la forme sans altérer le fond, aurait sans doute permis de mieux porter le très profond message de l’œuvre, d'un existentialisme macabre tout à fait fascinant.

En refusant ce travail d'actualisation, on pense par exemple à la très belle adaptation des Hauts de Hurlevent par Andrea Arnold, Liv Ullman n'aide d'ailleurs pas non plus ses acteurs, qu'elle met finalement au défi de faire le film par eux-mêmes. Un défi inhumain et impossible à relever, notamment pour un Colin Farrell jamais vraiment crédible et que l'on a décidément trop vu jouer l'abruti dans quantité de navets pour le prendre soudainement au sérieux, surtout dans un rôle aussi viscéralement théâtral. Plus appréciable est la performance de Jessica Chastain, mais s'il ne s'agit que de donner des notes on se doutait bien à l'avance que la rousse la plus in des années 2010 ne serait pas complètement à la ramasse. C'est d'ailleurs en grande partie grâce à elle que le film parvient tout de même à dispenser quelques vrais moments de cinéma par-ci par-là, même si son improbable couple avec Colin Farrell paraît encore plus mal assorti que celui qu'ils essaient de rendre crédible à l'écran.

Difficile donc de vraiment s'attacher à cet objet très froid, pas dénué de grandeurs mais n'arrivant jamais vraiment à communiquer avec notre temps.

Note : 6,5 (Barème notation)

La bande-annonce


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