samedi 15 mars 2014

Vampire Academy : Buffy chez les vampires



Énième déclinaison du phénomène Twilight, si tant est qu’énième veuille encore dire quelque chose vu qu’un paquet d’énièmes l’ont déjà précédé, Vampire Academy est sans doute la quintessence de ce genre profondément stupide, n’agitant maladroitement la figure du vampire que pour en faire un produit d’appel pour marketing de supermarché. Vous n’irez pas ? Peu importe car je l’ai fait pour vous. Immersion dans le monde fascinant de la nullité.

Harry Potter l'a apparemment assez mauvaise d'avoir loupé cette promotion

Il fut un temps où le vampire effrayait. Vaguement torturé et révolté, il peinait à contrôler ses instincts de mauvais garçon (car oui c’était toujours un homme à cette époque, allez savoir pourquoi) et finissait souvent par dépecer le premier venu en le vidant de tout son sang, avant bien sûr tout de même de se retourner sur lui-même et de maudire le sort l’ayant forcé à être un tel monstre. Violent, patibulaire, imprévisible, c’était un être complexe et contradictoire menaçant à tout moment de passer du bon ou du mauvais côté de l’humanité, à laquelle il n’appartenait jamais complètement mais toujours un peu quand même. Chassé par Buffy la nuit, il la séduisait le jour. Pas con le mec.

Mais tout ça, c’était avant. Avant Stephenie Meyer.

Aujourd’hui, le vampire ne vit plus bêtement dans une crypte et ne fuit plus la lumière du jour comme un pestiféré. Bien coiffé et toujours parfaitement maquillé, il aime la sensation du soleil sur sa peau, les belles fringues, les iPhones et les ragots sur les garçons d’en face, parce que le vampire se conjugue maintenant au féminin. Et ouais, le girl power n’a pas de limites.

Parfaitement intégré à la société des mortels, le vampire va lui aussi à l’église tous les dimanches, est tout excité à l’idée d’aller au bal de la promo, a un meilleur pote roux à qui il ne rend pas ses sentiments, est bien dans son corps, mais n’a pas de relations sexuelles, évidemment. Bref, le vampire d’aujourd’hui est un bon citoyen, paie ses impôts, roule en Audi et trouve que l’on vit quand même dans un monde de fous et qu’être ado c’est vraiment trop bizarre.

Alors oui il reste quand même des mauvais vampires mais eux on ne leur parle pas, parce qu’ils sont vraiment méchants.

Vous l’aurez donc compris, Vampire Academy est un film d’une parfaite stupidité, auquel on ne peut cela dit pas enlever une certaine constance dans la bêtise, confinant presque au superbe. Difficile en effet de reprocher à Mark Waters de nous tromper sur la marchandise tant son film affiche dès les premiers instants son total manque de la plus élémentaire ambition, maniant avec insouciance tous les pathétiques clichés battus et rebattus des vampires movies pour ados. Flirtant gentiment avec la parodie, comme l’avait plus intelligemment fait le récent Warm Bodies dans l’univers des zombies, Mark Waters dévoile d’ailleurs assez clairement qu’il n’est pas dupe de la triste commande lui ayant été passée pour profiter des dernières retombées du phénomène Twilight avant que les ados du monde passent à autre chose, et se vautre avec une insouciance au final assez remarquable dans le nanar aseptisé et vidé de tout contenu.

Merveilleux spectacle en effet pour qui cherche le repos de l’esprit que ce Vampire Academy dépourvu de tout fond, sens, réflexion ou esquisse de conscience sur quelque chose se rapprochant d’une idée. Rare sont les films où l’on peut véritablement laisser voguer son esprit pendant dix minutes en pensant à tout autre chose et revenir apaisé au beau milieu d’une scène pas plus ou moins bête que toutes les autres et nécessitant moins d’une demi-seconde pour comprendre toutes ses implications scénaristiques, toujours à peu près proches du néant.

A l’heure où je m’épuise à distinguer la subtile frontière entre mauvais et bons films, je dois bien avouer que je désespérais depuis un certain moment de trouver pareil spécimen, n’offrant pas la moindre ambiguïté sur sa profonde et complète nullité. Et tant mieux car il n’y au fond parfois rien de plus drôle qu’un mauvais film, pour la bonne et simple raison que lui au moins ne peut pas se défendre.

Le pire dans tout ça, c’est que j’aurais presque passé un bon moment.


Note : 2 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce



A suivre : Les chiens errants


Tiens donc, que va-t-il bien pouvoir se passer ?

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