samedi 10 mai 2014

Libre et assoupi : sois fainéant, tu vivras longtemps



Libre et assoupi m’était apparu à cause de sa bande-annonce comme un énième aspirant film générationnel très occupé à énumérer les lieux communs et j’y allais donc le cœur prêt à affronter la bête, parce que je suis quelqu’un de brave, très brave. La vie étant hélas parfois surprenante, le premier long-métrage de Benjamin Guedj n’est en fait pas exactement cela, et c’est peut-être finalement tant mieux.

Le goûter, repas le plus important de la journée


La meilleure façon de parler de Libre et assoupi c’est peut-être encore de dire que c’est un film disons … assez libre et plutôt assoupi.

(énorme effet de style, on ne se fout pas de votre gueule ici)

Assez libre en effet parce que malgré ses défauts évidents, j’y reviendrais (quel suspense), Libre et assoupi trouve vite une originalité de ton qui lui permet d’éviter le plus souvent les gros clichés qui tâchent du genre, Benjamin Guedj se sortant globalement du piège avec  dignité. Son premier film a en effet au moins le mérite de souvent chercher même s’il ne trouve pas toujours, les trouvailles comiques alternant avec les bides dans une atmosphère d’anarchie cinématographique finalement assez réjouissante. Si Benjamin Guedj ne révolutionne là pas grand-chose, son fantaisiste univers peuplé de personnes semblant penser en permanence à voix haute sans trop réaliser ce qu’ils font porte en lui une nonchalance plutôt séduisante, qui confinerait presque au poétique en additionnant toutes les micro-absurdités lâchées ici et là.

Mais tout cela reste aussi bien assoupi ne nous leurrons pas, et il serait quand même difficile d’expliquer qu’on est là devant le film de l’année. Tout de même écrit un peu à la va-vite, d’où une qualité très inégale d’un bout à l’autre,  Libre et assoupi semble en effet avoir été conçu et réalisé avec la même flemme que son héros, ce qui est d’ailleurs peut-être volontaire au fond. Mis en scène très sommairement et parfois bizarrement séquencé, certaines scènes s’enchainent souvent sans raison apparente, le coup d'essai de Benjamin Guedj sent bon l’amateurisme jusqu’au bout, notamment dans une fin vraiment bâclée et archi-bâclée (il n’y avait plus de budget dans la caisse et il fallait finir à tout prix ?). On n’est pas non plus subjugué par les performances des trois stars du jour : pas de faute de goût majeure mais pas d’étincelle non plus. Au rang des gros bides d’ailleurs, un long et pénible monologue où Benjamin Guedj essaie de nous faire croire que Charlotte Le Bon est une actrice dramatique. Aïe ... gare au dépassement de fonction.

Mais quoi finalement de plus normal pour Libre et assoupi d’être comme son héros condamné à la précarité ? Menaçant constamment de basculer de la fantaisie au n’importe quoi, cet objet pas vraiment identifié a au moins le mérite de se débattre de façon originale et de ne pas abdiquer trop vite, ce qui est souvent le cas de comédies liquidant toutes leurs bonnes vannes en vingt minutes et comblant péniblement le reste. Le film de Benjamin a par-là peut-être tous les défauts du monde mais au moins une grande qualité : celui d’essayer d’être lui-même, chose finalement pas si fréquente.

Par contre Zach Braff a appelé, il porte plainte contre Benjamin Guedj pour avoir repiqué le New Slang des Shins pile 10 ans après Garden State. Faut pas abuser non plus.

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Note : 6,5 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : Arthur Newman


L'issue des affrontements entre pro-russes et pro-européens en Ukraine reste très incertaine.

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