samedi 26 avril 2014

States of Grace : la rengaine du bonheur



Chaque année apporte son lot de petits films américains sympatoches à la fois un peu marrants et un peu émouvants, et bien sûr tellement attendrissants. States of Grace est en quelque sorte le champion 2014 de cette catégorie permettant régulièrement au cinéma US « indépendant » de titiller un peu son grand frère mainstream, histoire de ne pas mettre tous les œufs dans le même panier. Au rayon des recettes il n’y a pourtant parfois pas tellement de différences entre l’un et l’autre, l’art des bonnes grosses ficelles étant apparemment très bien assimilé des deux côtés.

Rouler bourré en vélo à 4 heures du matin : certaines s'en sortent plus dignement que d'autres


J’avais déjà fait part il y a quelques moins dans la critique de I usedto be darker de mes doutes quant à l’intérêt profond d’un certain cinéma indépendant américain ayant pris la sale habitude de se complaire dans l’ennui et l’apathie. Je ne vais donc pas me répéter, et States of Grace n’est pas non plus un complet désastre de toute façon, mais l’idée est là : il ne suffit pas de faire des petits films indépendants libres de l’emprise de la grosse machine hollywoodienne pour qu’ils soient géniaux, même si l’intention est évidemment louable.

Inexplicablement encensé comme la huitième merveille du monde par nombre de festivals et de critiques, States of Grace n’est en effet pas grand-chose de plus qu’un énième gentil film sur de gentilles personnes un peu, bon oui d’accord beaucoup traumatisés par la vie, et qui vont, ô surprise, apprendre à surmonter leurs peurs et ouvrir leurs cœurs aux autres.

S’il a tant conquis, c’est peut-être parce que le premier long-métrage de Destin Cretton, et c’est assez logique au fond pour une première fois, est un film profondément scolaire, qui ne nous épargne aucun passage obligé pendant 100 minutes s’apparentant parfois plus à une récitation qu’autre chose. Inondé de lumière, à un tel point que l’on finit par se demander si tout cela est bien filmé sur notre planète, States of Grace aligne à peu près tous les clichés possibles et imaginables sur l’enfance maltraitée tout en multipliant à l’infini les mêmes effets de caméra, et notamment un nombre incalculable de floutages dont son réalisateur use et abuse à chaque fois qu’il veut souligner la solitude et la détresse d’un de ses personnages.

En plus de ce cadre finalement très convenu, et à l’exception de quelques courtes scènes où l’intensité monte un peu, il faut hélas aussi dire que le scénario de States of Grace est bien léger, et qu’adapter un court-métrage que l’on a déjà soi-même réalisé pour en faire un long-métrage n’est pas forcément l’idée de l’année. Si tout tient à peu près debout grâce à un casting très investi et une réalisation très (trop ?) propre sur elle, difficile tout de même de voir là-dedans grand-chose d’autre qu’une accumulation plus ou moins subtile de bons sentiments, où tout le monde reste quand même très gentil en dépit de quelques écarts de conduite.

Et le problème est sans doute là, avec States of Grace comme avec nombre de ses congénères. Malgré tous les efforts de Destin Cretton pour instiller un peu de noirceur et de complexité dans son discours et son récit, son film reste au fond désespérément gentillet, tout étant évidemment bien qui finit bien. Si ça n’est certes pas un défaut en soi, quoique, c’est tout de même un peu léger pour faire un chef d’œuvre du septième art, surtout quand l’on veut faire un film sur la souffrance.

La semaine prochaine je vous apprendrais comment noyer vous-même un bébé panda.



Note : 6,5 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : Une rencontre



Les derniers championnats du monde de cross-country ont couronné un très beau champion à la foulée certes assez atypique


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