mardi 1 avril 2014

Situation amoureuse - C'est compliqué : beaucoup de bruit pour rien



Mon précédent article, en l’honneur de la pour une fois enlevée comédie française Les Gazelles, s’intitulait « révolution française ». Celui-ci pourrait s’intituler « retour à l’âge de pierre, avant la découverte du feu ». Pas vraiment inspiré, Manu Payet pond en effet un premier film n’ayant d’autre intérêt que de rappeler qu’il faut savoir profiter des bons films quand ils sont là car le cinéma français a toujours quelques comédies avariées d’avance pour vite nous faire retomber sur terre.

La version 2014 du Penseur de Rodin. Différent.

Sans idées, sans rythme et sans à peu près rien, C’est compliqué est en effet la parfaite caricature de la comédie française au rabais se contentant d’étaler des lieux communs sans discontinuer pendant 90 minutes. Une opération cela dit d’une constance remarquable, le premier film de Manu Payet ne pouvant au moins pas être accusé de donner de faux espoirs tant sa profonde platitude est éclatante dès l’entame des hostilités.

Passablement plombé par la médiocrité de dialogues écrits à la va-vite et d’un scénario inepte, C’est compliqué n’a en plus même pas la chance d’être sauvé par la qualité de son interprétation, la qualité de jeu générale étant parfois à la limite du ridicule, à commencer par un Manu Payet souvent à contretemps, très rarement drôle et absolument incapable de porter le film sur ses épaules comme il est pourtant sensé le faire. Il y a en effet plus d’un monde entre sa poussive performance et celle de Camille Chamoux dans Les Gazelles, preuve que l’inégalité devant le talent reste encore la plus injuste de tous, ou alors que certains n’en foutent pas une et préfèrent se reposer sur leurs pénibles acquis d’amuseurs publics pour émissions TV.

Effectivement très peu travaillé, certaines scènes étant assez incroyablement bâclées, C’est compliqué a en plus la mauvaise idée de vouloir cacher cette triste misère derrière une longue somme de pitreries dont la facilité et la vulgarité achève de nous convaincre que l’on prend ici le spectateur pour un parfait crétin. Des habituels seconds rôles déjantés à la limite du supportable (le copain beauf et le beau-père rivalisant jusqu’au bout pour le titre de personnage que l’on a envie d’étrangler pour le faire taire enfin) aux regrettables séquences musicales dignes d’un téléfilm de M6 à 14h30 ponctuant une qualité de réalisation proche de zéro, il y a en effet tout dans C’est compliqué pour donner envie de fuir de la salle au bout de 15 minutes à qui a encore un peu d’estime de soi et/ou pas tellement le temps de voir 75 autres minutes d’un tel massacre.

Passons sur la place désastreuse accordée aux rôles féminins, le portrait de la femme de 2014 oscillant sans cesse entre le désespérant cliché de la gentille potiche et la non moins pitoyable figure imposée de la femme fatale. Il faut en effet sans doute mettre cet énième raté sur le compte de l’incompétence plus que sur la volonté de nuire, même si cette imagerie complètement ringarde est assez douloureuse à supporter pendant 90 minutes quelques jours après le nettement moins stéréotypé Les Gazelles.

Bref, je pourrais sans doute égrener pendant encore 50 paragraphes tout ce qui ne va pas dans ce C’est compliqué effectivement très compliqué. Mais tout ça n’aurait pas grand intérêt car il n’y au fond là-dedans qu’une vraie leçon : il ne suffit pas de s'agiter dans tous les sens pour être drôle et Manu Payet s'agite beaucoup mais pour pas grand chose. Pas de chance pour lui, ni pour nous.

PS : j'ai délibérément choisi de ne pas parler de la formidable leçon de vie offerte par ce film, j'ai perdu assez de temps comme ça.


Note : 2 (Barème notation)

Pour vous faire un avis par vous-même : la bande annonce



A suivre : Nebraska


Attention, cette scène n'a pas été coupée au montage

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