mercredi 25 juin 2014

Le procès de Viviane Amsalem

Drame - Israël (1h55)
Réalisé par Ronit et Shlomi Elkabetz
Avec Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy


Le procès de Viviane Amsalem auquel nous convie la famille Elkabetz (Ronit et Shlomi, sœur et frère), c'est finalement une version moderne du Procès de Kafka, dans tout ce qu'il a d'absurde et de lutte infinie et obstinée de la raison contre la déraison.

De la fable kafkaïenne, le film de Ronit et Shlomi Elkabetz a la simplicité radicale, se cantonnant intelligemment à un huis-clos dans ce tribunal rabbinique aux airs de prison. Cette unité de lieu est d'autant plus intelligente qu'elle accentue la tragédie en place, montrant la somme des cruautés infligées à l'héroïne de ce drame en apparence statique mais fonctionnant en réalité plutôt sur le principe d'accumulation, d'une violence psychologique de plus en plus insoutenable à mesure que le temps passe.

Difficile évidemment de faire là-dedans la part du mérite revenant à un film formellement réussi et celui tributaire du thème abordé, le combat d'une femme israélienne contre un système judiciaire archaïque innommable, terrible lutte du séculaire contre le spirituel que l'on n'imaginait plus vraiment d'actualité dans un pays ayant toutes les apparences de la modernité. 

Si la puissance de cette œuvre tient forcément en grande partie au coup de projecteur apporté à cette drôle d'actualité de la condition de la femme, on ne peut toutefois pas complètement mettre l'artistique de côté car Le procès de Viviane Amsalem est aussi un vrai moment de cinéma : 1 heure et 55 minutes enfermé dans un tribunal avec trois barbus et quatre pékins, il faut en effet bien qu'il se passe quelque chose au-delà du documentaire pour que l'on n'ait pas très vite envie de regarder sa montre, écueil largement évité. Une belle réussite à mettre donc au crédit d'un vrai pari cinématographique (un seul lieu, d'où une totale théâtralité), d'une écriture remarquable et de très belles interprétations, au premier rang desquelles évidemment celles de Ronit Elkabatz elle-même et de Simon Abkarian.

Possible certes qu'il y ait 10/15 minutes de trop (un film un tout petit peu plus court aurait gardé la même force) mais c'est vraiment pour chipoter.

Il faut en plus ajouter pour finir que le film se révèle parfois étonnamment drôle en dépit de la gravité du sujet : même si certaines situations comiques sont certes plus tragiques qu'autre chose, une vraie dose d'humour est instillée dans l'ensemble, et c'est encore une preuve de l'intelligence de l’œuvre.

Un excellent film donc, sans vouloir faire dans le solennel j'irais même jusqu'à dire que ce film a quelque chose d'indispensable.

PS : pour information, ce film est le dernier acte d'une trilogie consacré au sort de la femme israélienne, après Prendre femme (2004) et Les Sept Jours (2007) déjà réalisés par le frère et la soeur Elkabetz et qui faisaient apparaitre les mêmes personnages.

Note : 9 (Barème notation)

La bande-annonce


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