jeudi 14 août 2014

The Double

Thriller britannique de Richard Ayoade - 1h33
Avec Jesse Eisenberg et Mia Wasikowska

Franchement ça vaut peut-être pas vraiment le coup de rentrer dans cette boîte.

Présentation : dans un étrange monde un peu glauque, Simon ne parvient pas à lutter contre une timidité maladive et est complètement invisible à l'élue de son cœur, la elle aussi très discrète Hannah. C'est à ce moment qu'apparaît le nettement plus rock'n'roll James dont la plus étonnante caractéristique est de ressembler à Simon comme deux gouttes d'eau. Mais qu'est ce que ça peut bien vouloir dire ?

Avant toute chose, je tiens à dire que je n'ai jamais lu le roman de Dostoïevski dont est librement adapté The Double. J'aurais sans doute du le faire si j'avais été un vrai professionnel consciencieux mais j'avoue avoir eu la flemme. Ne vous attendez donc pas à une analyse sur la fidélité de la copie à l'original, je n'en ai aucune idée. J'ai juste cru comprendre que ce roman avait été un bide monumental à l'époque dont l'écrivain russe avait mis un certain temps à se remettre. Ceci explique peut-être cela finalement.

Côté réalisateur, je partais par contre avec un a priori très positif. Le premier long-métrage de Richard Ayoade (Submarine) avait été une des très bonnes surprises de 2011 avec sa bande-son concoctée spécialement pour l'occasion par Alex Turner. Problème : là où Submarine avait su être à la fois simple et élégant, The Double est au contraire un film extraordinairement maniéré et ampoulé, qui nous laisse avec la désagréable impression que Richard Ayaode a voulu faire de ce deuxième film une véritable démonstration de style.

Rien dans The Double, sorte de fable d'anticipation croisé avec un thriller psychologique, ne rappelle en effet la tranquille assurance de Submarine. Tout y est un peu trop artificiel, les effets de sons et de lumières paradant sans cesse comme dans un gigantesque manège qui tournerait dans le vide, la mise en scène étant prise dans un engrenage vite fatiguant où le seul but semble être de ne laisser aucune place à l’œil humain, pris au piège d'une machinerie de fête foraine. Pour résumer, c'est un peu comme si un Wes Anderson un peu déprimé avait voulu faire un remake trop personnel de Blade Runner. On comprend bien que tout ça est très inventif et plutôt bien foutu mais on ne sait pas trop ce qu'on vient foutre là-dedans.

Dans ce fatras souvent indigeste que Richard Ayoade décide en plus de recouvrir d'une vacarme sonore constant à la limite du supportable, on retrouverait presque des accents du catastrophique The Zero Theorem de Terry Gilliam récemment sorti, ce qui montre bien l'étendue du problème. Wes Anderson a décidément fait beaucoup de mal au cinéma ...

Quand au fond du film, il est hélas considérablement obscurci par l'épaisseur étouffante de la mise en scène, reléguant l'ambition existentielle du film au second plan derrière un forêt de gadgets que l'on a l'impression d'avoir déjà vu dans 10 films du même genre. Pour faire de cette histoire quand même assez abracadabrante une vraie fable métaphysique, il aurait sans doute fallu aller creuser beaucoup plus profondément dans les enjeux psychologiques sous-jacents se cachant derrière cette intrigue un peu lourdingue et ces personnages pas franchement très attachants. Trop occupé à faire joujou avec ses boutons, Richard Ayoade n'avait hélas sans doute pas le temps de partir en quête de cette subtilité qui fait cruellement défaut à son film. Reste une machine bien conçue mais sans grand intérêt et que l'on oubliera bien vite.

A noter tout de même l’étonnante performance de Jesse Eisenberg, malheureusement neutralisée par l'inconséquence du film. Ce n'est pas tous les jours qu'un acteur à l'occasion d'explorer dans le même film deux facettes de son jeu, voire même de sa propre personnalité. A bien y regarder, on pourrait presque voir The Double comme une métaphore de la jeune carrière de Jesse Eisenberg, ayant fini par se libérer de l'image d'ado maladroit qui lui collait à la peau à ses débuts. Bon c'est sûrement tiré par les cheveux mais c'est difficile de ne pas finir par divaguer quand on s'emmerde au bout de 10 minutes pendant un film.

Quant à la fameuse anecdote, la voilà : les deux ados amoureux de Submarine (Yasmin Paige et Craig Roberts) ont tous les deux des seconds rôles dans le film. Puissant.

A noter enfin que pour le fans de ce genre de scénario schizophrène, ce sera également plus ou moins le sujet du prochain Enemy de Denis Villeneuve qui sort le 27 août. On en reparlera.

Note : 5,5 (Barème notation)

La bande-annonce


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