dimanche 17 août 2014

Trap Street

Thriller chinois de Vivian Qu - 1h33
Avec Lu Yulai et Wenchao He

La version chinoise de Forrest Gump était très attendue

Présentation : un jeune géomètre rencontre un jour une mystérieuse jeune fille en mesurant une des rues de Shanghai. En cherchant à la revoir, il réalise que la rue où elle s'était rendue ne peut être inscrite sur la carte comme si elle n'existait tout bonnement pas. Le mystère ne fait alors que s'épaissir.

Le cinéma chinois aime bien les idées c'est certain, et n'a jamais peur de livrer 90 minutes de pure démonstration de style pour le bien d'une seule de ces idées qu'il pense assez fortes pour parler d'elles-mêmes. Victoire du pur esprit sur la matière.

Trap Street tient ainsi dans une seule idée, simple mais effectivement potentiellement assez puissante : comment peut se débattre un individu seul une fois pris dans le piège kafkaïen du système de surveillance généralisé développé par un régime chinois quasi-totalitaire ? A ceci s'ajoute la thématique technologique, que Vivian Qu a voulu insérer pour montrer en action cette jeune génération chinoise qui en se rendant esclave de la technologie s'enferme elle-même dans une prison bien plus sophistiquée que toutes celles construites jusque-là.

L'ennui, comme souvent avec certains films chinois, c'est que passée cette belle idée il ne faut pas compter sur Vivian Qu pour élargir le propos et livrer autre chose que ce précepte de départ. Profondément énigmatique et refusant de se livrer jusqu'à la fin (surtout à la fin d'ailleurs), Trap Street est en cela une métaphore assez réussie d'une société où chacun est amené à douter de tout et tout le monde, et où personne ne fait plus confiance à personne.

Opaque, elliptique, sans cesse en phase de réactualisation, Trap Street est au final un labyrinthe si bien conçu que l'on en sort jamais tout à fait, aucune solution évidente ne semblant s'offrir à l'issue de cette partie de cartes dont on ne connaît finalement vraiment ni les joueurs, ni même les règles.

Réussite formelle et métaphorique évidente, le film de Vivian Qu n'en reste pas moins une vraie frustration cinématographique qui finit par décourager à force de se refuser au spectateur. C'est une façon de penser le cinéma qui se défend, mais sans doute pas la plus immédiatement réjouissante.

A noter pour finir que Vivian Qu était aussi la productrice de Black Coal, un autre récent film chinois pour le moins opaque et pas forcément aussi jouissif que sa présentation le laissait penser ... Ceci explique aussi sans doute cela.

Note : 7 (Barème notation)

La bande-annonce


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