samedi 2 août 2014

La Planète des Singes : l'affrontement (Dawn of the Planet of the Apes en VO)

Science-fiction - US (2h10)
Réalisé par Matt Reeves
Avec Andy Serkis, Jason Clarke, Keri Russell, Gary Oldman

Les séparatistes pro-russes en Ukraine sont apparemment prêts à tout pour empêcher le travail des inspecteurs internationaux ...

Présentation : Après qu'un virus se soit échappé des laboratoires où de méchants scientifiques torturaient des singes juste pour le plaisir, la quasi-totalité de l'humanité semble avoir disparu de la surface de la planète tandis que la communauté des singes prospère elle sous la dictature éclairée du fameux pote poilu de James Franco, César. La cohabitation entre les derniers survivants humains et nos sympathiques cousins semble malheureusement un peu complexe.

Aller voir La Planète des Singes après le dernier Hong Sang-soo c'est un peu comme se mettre un CD d'AC/DC en rentrant d'un concert de Vincent Delerm : mieux vaut être bien accroché dans son fauteuil. Trop heureux d'attirer des gogos dans leurs salles, les grands complexes commerciaux ne rechignent d'ailleurs devant rien pour faire d'une pierre deux coups : chers spectateurs venus voir La Planète des Singes persuadés que ce film n'était pas qu'un bon gros blockbuster qui tâche, accrochez-vous encore une fois car vous aurez droit à toutes les bandes-annonces les plus tartes du moment : Black Storm, Hercule, Detective Dee, ... tout ça promet un maximum de bastons et de carnages, en 3D bien sûr.

C'est dommage, car malgré le peu de confiance qu'affiche la Twentieth Century Fox dans le niveau intellectuel de ses spectateurs, ce deuxième volet de La Planète des Singes est un film plutôt réussi, dans son genre bien sûr. Si les tours de force visuels y sont évidemment souvent pour beaucoup, L'affrontement n'est pourtant pas un film si tapageur que cela en dehors de quelques facilités scénaristiques que l'on pardonnera aisément à une grosse machine de ce type. Finalement plutôt sobre dans sa mise en scène, tout en étant assez efficace dans sa capacité à ramasser la violence dans quelques séquences très maîtrisées, le film de Matt Reeves parvient à conserver une certaine intensité du début à la fin même si la prévisibilité du tout reste il est vrai un obstacle de taille à un réel émerveillement.

Autre qualité : en dépit de quelques courtes séquences de flashbacks tardives loin d'être omniprésentes et même plutôt bien amenées, L'affrontement ne cherche jamais à trop marquer sa filiation avec le premier opus de la saga, se suffisant largement à lui-même une fois que les 5 premières minutes du film se sont chargées de faire le lien avec le récit originel. Matt Reeves évite donc ainsi plutôt bien le piège du second opus coincé entre le début et la fin d'une trilogie, les rares apparitions du fantôme de James Franco à l'écran étant plutôt cohérentes avec le tout. On appréciera également que la Twentieth Century Fox ne se soit pas sentie obligée d'imposer une méga-star du moment, le casting presque anonyme pour une production de cette ampleur offrant au spectateur la possibilité de réellement s'immerger dans l'univers du film sans avoir l'impression d'assister à un remake animalier de Transformers ou du dernier Marvel.

Sur le fond du film maintenant, rien de très original certes mais il est tout de même intéressant de remarquer que L'affrontement est à la croisée de deux obsessions très contemporaines :
  • l'apocalypse de l'espèce humaine qu'elle semble prête à s'infliger elle-même à tout moment, un thème largement vu et revu depuis quelques années, où les survivants paient toujours la folie des grandeurs de leurs prédécesseurs.
  • le choc des civilisations, ou quand les colombes se retrouvent toujours otages des velléités guerrières des faucons de leur propre camp. Guerre et paix, un thème qui hante l'Amérique moderne pour des raisons assez évidentes. On notera au passage que ce récit du conflit humano-simiesque n'encourage pas à beaucoup d'optimisme pour l'avenir d'une solution à deux États où chacun coexisterait pacifiquement, mais le clin d’œil est sûrement accidentel bien sûr.

Blockbuster oblige, difficile enfin de ne pas voir toute une artillerie de références à d'autres grosses machines du genre. C'est en occurrence ici la familiarité avec l'univers de Star Wars qui m'a rapidement sauté aux yeux, de façon peut-être tout à fait hasardeuse mais tout de même. Quelques coïncidences troublantes :
  • Dans un premier temps, la bataille entre les hommes et les singes a l'air sans précédent dans l'histoire du cinéma mais à bien y réfléchir cela ressemble un peu ... à la fameuse bataille des Ewoks à la fin du Retour du Jedi. Les petites boules de poil de Georges Lucas sont bien sûr un peu plus mignonnes, et nettement moins proches de nous, mais même la façon dont Matt Reeves dépeint cette société de singes retirée dans ses hauteurs fait terriblement penser à la cité suspendue des Ewoks ... à moins que ces Singes ressemblent surtout à des Wookies ... mais je délire sûrement.
  • Plus sérieusement, le duel final entre les deux leaders des Singes fait vraiment penser, autant dans sa scénographie que dans ses implications psychologiques, à un condensé des grands duels de chevaliers Jedi dans la saga Star Wars. Il y a un peu de la bataille fratricide entre Anakin et Obi-Wan dans l'épisode 3, un peu des duels entre Anakin et son père, un peu de la chute finale de l'Empereur ... Le parallèle n'est évidemment pas total mais cette bataille en haute altitude entre deux anciens compagnons a vraiment quelque chose de Lucas-ien.
  • Toute la mise en scène elle-même se rapproche finalement assez des standards de Star Wars, à savoir pas mal de maîtrise technique enveloppée dans une certaine sobriété et un cadre classique assez rigide. L'atmosphère musicale aurait d'ailleurs pu totalement être composée par John Williams, dont le générique de fin assez sombre pourrait être une des partitions.

Tout ça pour dire donc que L'affrontement devrait ne pas trop décevoir ceux qui n'en attendent pas plus qu'un blockbuster de qualité décente, et qu'il plaira peut-être particulièrement aux fans de Star Wars, mais je m'aventure là sans doute un peu trop.

Au passage, on peut saluer une bande-annonce qui n'en disait pour une fois pas tellement sur le fond du film, en omettant même une grande partie de l'intrigue. C'est assez rare pour être signalé pour un blockbuster de ce type, et encore plus pour une franchise : on est vraiment plutôt dans le haut du panier.

Note : 7,5 (Barème notation)

La bande-annonce



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