lundi 6 janvier 2014

Jamais le premier soir : les trois petites (censuré)


Bien qu’inégal et assez instable, le premier long métrage de Mélissa Drigeard est étonnamment moins bête et éculé que sa bande annonce pouvait le laisser penser, ce qui montre bien que le cinéma français n’aime décidément pas nous emmener là où on l’attend. Pour une fois que la surprise est plutôt bonne, je ne vais pas m’en plaindre.
Je ne me suis pas encore présenté, je remplace Gérard Depardieu, il s'est désisté au dernier moment

Comme vous avez pu le constater la semaine dernière, je n’attendais à peu près rien de Jamais le premier soir dont la bande annonce me laissait à penser qu’il pourrait être dans la récente lignée des très regrettables comédies françaises populaires bon marché. Si la grâce du dimanche soir et le besoin de débrancher un moment ma grande machine neuronale ne m’avait pas touché, vous n’auriez d’ailleurs sous doute pas eu droit à cette chronique … Oui, la vie tient vraiment à peu de choses.

Il serait difficile d’affirmer que Jamais le premier soir est un grand film, et ce n’est d’ailleurs pas le cas. Il n’empêche que pour un long métrage se présentant comme une comédie romantique, sa première mission est assez largement remplie, ou au moins une bonne partie du temps. Si l’on ne comprend pas toujours bien où Mélissa Drigeard veut nous emmener ou si elle le sait elle-même, il est indéniable qu’elle réussit à nous faire rire à de nombreuses reprises grâce à une belle énergie et un sens de l’absurde bienvenu même s’il ne semble pas toujours très maîtrisé. Alors oui, il est peut-être plus facile de réussir ce pari avec un casting aussi fourni (Alexandra Lamy, Mélanie Doutey, Julie Ferrier, Jean-Paul Rouve, l’excellent Julien Boisselier, Michel Vuillermoz) mais on pourrait aussi citer un paquet de comédies au casting aussi épais sombrant dans la médiocrité la plus crasse.

Si tous les gags et bons mots ne font évidemment pas mouche avec la même force, certains temps faibles venant nous rappeler qu’il s’agit quand même d’un premier film, cela n’empêche pas Jamais le premier soir d’être souvent drôle jusqu’à la fin, l’habituel mélodrame sentimental n’entamant jamais vraiment son énergie comique, une agréable surprise quand l’on se remémore certains autres films du genre. 

Très décousu mais parfois jouissif, Jamais le premier soir est d’ailleurs surtout un agréable film à sketches, qui peine certes à construire un véritable récit cohérent mais qui ne fait au moins pas l’erreur de se prendre trop au sérieux et d'en oublier d’être drôle. N’épiloguons donc pas sur la romance et la leçon de tout cela, qui ne sont ni plus ni moins bêtes ou intelligentes que la plupart des modèles du genre vus ici et là depuis quelques années. 

Forcément stéréotypé, on est clairement dans la bonne vieille comédie de mœurs, Jamais le premier soir semble d’ailleurs avoir au moins un peu conscience de ses propres limites comme le proclame dès le début du film Julie Ferrier (ou Mélanie Doutey, j’ai un doute, ah ah) : « Et ta déprime, elle est pas caricaturale ? ». Alors oui, ça ne dispense pas de faire des films plus intelligents quand on en a les moyens et l’ambition, mais ça a au moins le mérite de l’honnêteté et c’est aussi une forme d’intelligence.

Un bon départ pour la comédie française en 2014 donc. Ne nous enflammons pas cela dit, elle n’attend que ça pour nous rebalancer du ça ou du ça.

Note : 7,5 (Barème de notation)

Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : Oldboy

Le dress code sur le plateau était apparemment un peu chaotique

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