Troublant par son idée de départ, Pour
ton anniversaire est pourtant la preuve qu’une bonne et originale base
scénaristique ne suffit pas à faire un grand film. Dans un film pesant d’académisme
et ne s’autorisant aucun écart, Denis Dercourt montre qu’il a malheureusement
plus emprunté à l’Allemagne son esprit de rigueur que sa veine lyrique.
"Toujours pas de nouvelles du CHU de Grenoble ?" "Non, je m'entraînais à avoir un air menaçant" |
Pour ton anniversaire est l’exemple parfait qu’il est relativement aisé de réaliser une bande annonce suffisamment subtile pour éveiller en nous l’espoir d’une belle surprise, mais nettement plus compliqué de réaliser un film à la hauteur de ces attentes.
Assez élégamment mis en scène, Pour ton anniversaire semblait pourtant
avoir les ingrédients pour dérouler un drame véritablement prenant, l’étrange
pacte entre ses deux personnages principaux constituant en effet un point de
départ certes un peu tiré par les cheveux mais indéniablement intrigant, ce qui
remplit déjà une grande partie du contrat. On pouvait dans ce contexte s’attendre
à un habile drame psychologique, capable d’aller déterrer tout au fond de notre
conscience les doutes et les ambiguïtés qui font le matériau des grandes études
de mœurs.
Si Denis Dercourt aspire
clairement à cette fin, tout son film va hélas trop vite et s’arrête trop peu
en chemin pour se laisser le temps de murir et de pénétrer dans notre esprit. Étonnamment dénué d’une véritable analyse psychologique de ses personnages, il
règle bien vite la mise en scène du fameux pacte originel, tout son film
prenant alors tout aussi vite des airs d’histoire à dormir debout. Ou d’un
conte, mais l’univers qui nous est ici présenté n’autorise pas le moindre
fantasme qui pourrait nous emmener dans quelque chose de plus métaphorique, le
simplisme se dégageant de cette histoire rocambolesque menaçant au contraire vite de nous
faire basculer du côté de l’ennui.
Car il faut bien dire que Pour ton anniversaire, plus encore que
simplement académique, est un film terriblement caricatural. En dépit d’une fin
vaguement surprenante, tout est en effet ici incroyablement attendu et l’on
pourrait aisément écrire le scénario à mesure que le film défile à l’écran
tellement l’intrigue ménage peu de surprises. Il faut aussi dire que l’utilisation
compulsive de rafales de violons et notes de piano tout au long du film ne nous
laisse guère de place à la rêverie et à l’inconnu, chaque tournant
pseudo-dramatique étant allégrement aspergé d’une épaisse couche sonore qui
finit par lasser plus qu’elle n’émeut.
Dans cette obsession du contrôle
et du simplisme à tout prix, Denis Dercourt semble par ailleurs aussi avoir
sacrifié tout jeu d’acteurs, les performances de chacun des protagonistes
frisant le robotisme et ne contribuant pas à humaniser des personnages qui
ressemblent au final à des marionnettes s’agitant épisodiquement sans raison
apparente. D’une théâtralité de surface qui ne parvient jamais réellement à
habiter son histoire et ses personnages, Pour
ton anniversaire se condamne ainsi à n’être qu’une froide démonstration
technique, pas toujours inintéressante mais bien en-deçà de ce qu’on pouvait
attendre au vu de sa promesse initiale.
PS : je n’exclue pas que le
passage de l’allemand au français soit un peu cruel pour Denis Dercourt et son
film et nuise en partie à certains effets dramatiques, l’aspect sommaire de la
plupart des dialogues sous-titrés m’ayant tout même paru étrange. Je n’ai malheureusement
pas la chance d’être locuteur de la belle langue germanique mais je serais
néanmoins un peu plus compréhensif que d’habitude dans ma notation. Quelle
grandeur d’âme de ma part me direz-vous, et vous aurez raison.
Note : 6 (Barème de notation)
Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce
A suivre : The Spectacular Now
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