Encore plus qu’une affaire de goûts, il me semble que le cinéma est
surtout une affaire de genre. Pour la recette prenne, il faut encore que les
ingrédients plaisent en premier lieu ce sans quoi tant d’efforts peuvent être
bien vains. L’amour est un crime
parfait ne m’a pas vraiment emballé, voilà pourquoi.
Sara Forestier est pressenti pour jouer Mère Teresa dans le prochain Spielberg. Si si. |
Je n’ai jamais été spécialement
fan de polars, autant à l’écran qu’à l’écrit. A part quelques très bons, qui
sont au final avant tout de bons films ou bons livres avant d’être de bons
polars, c’est un genre qui m’a toujours laissé relativement indifférent, les
mêmes mécanismes psychologiques caricaturaux répétés à l’infini me lassant
assez vite.
Il est temps de vous avouer, ce
que je n’avais pas fait dans l’agenda de la semaine coquin comme je suis, que j’avais
déjà lu le fameux roman Incidences de
Philippe Dijan qui est donc à l’origine du dernier film des frères Larrieu. J’avais
une bonne raison : je ne l’ai pas fini. N’en ayant maintenant que des
souvenirs vagues, je serais incapable de dire ce qui m’avait précisément
chagriné à l’époque mais je crois que l’ennui y était pour beaucoup.
En relisant quelques passages au
hasard maintenant que j’ai réussi à remettre la main dessus sous une couche de
poussière témoignant bien de la considération que je lui porte, la vérité m’apparaît
en fait assez clairement : Incidences
est un polar terriblement banal sans grande originalité et pas tellement mieux
écrit qu’une foule de livres du même genre. Atteint du syndrome Amélie Nothomb,
Philippe Dijan publie probablement trop pour que tous ses opus se valent, rien
de très étonnant là-dedans.
Pourquoi alors avoir eu l’étrange
idée d’aller voir un film directement adapté d’un roman n’ayant pas éveillé
chez moi l’ombre d’une étincelle d’intérêt ?
Bonne question. J’imagine que la
curiosité de découvrir si le cinéma pouvait surpasser la littérature et
transcender une œuvre originale défaillante a beaucoup joué, comme la faible
attractivité du reste des longs métrages à l’affiche cette semaine.
L’espace d’un instant, je me suis
donc pris à rêver que la magie du cinéma pourrait à ce point opérer que je
ressortirais troublé et pris d’un soudaine envie de me replonger dans le roman
de Philippe Dijan. L’amour est un crime parfait est en effet un film plutôt habilement réalisé et la
présence conjointe d’autant d’acteurs de renom ne peut qu’intriguer.
Curieux casting en réalité et
surtout étrange mélange de jeux d’acteurs peu coordonnés. Alors que Sara
Forestier et Denis Podalydès, les deux personnages les plus mineurs de ce film,
tirent plutôt brillamment leur épingle du jeu confirmant qu’ils sont chacun
dans leur genre des valeurs sûres du cinéma national, ce n’est
incompréhensiblement pas le cas du reste de cette joyeuse bande. Récitant leur
texte au lieu de le jouer parfois à la limite du ridicule, Mathieu Amalric, Karine
Viard et Maïwenn ont apparemment pris le plateau pour une scène de théâtre et
déclament à la virgule près des dialogues absolument pas crédibles une fois
sortis du cadre littéraire. Une bizarrerie particulièrement loufoque à côté de
leurs deux camarades réussissant eux à s’approprier ce texte pour en faire
quelque chose d’à peu près naturel, à un tel point qu’on finit par se demander
si la direction des acteurs n’y est pas pour beaucoup et si les frères Larrieu
ne leur ont pas donné des conseils en la matière dont ils auraient pu se
dispenser.
Si je force un peu le trait car je
m’attendais à tout sauf à être déçu par Mathieu Amalric qui n’a généralement pas
de problème pour habiter un personnage, le problème n’est en réalité pas là. Il
n’y d’ailleurs pas véritablement de problème, en tout cas rien qui soit
vraiment imputable à la réalisation des frères Larrieu ou à leur façon de
traduire les mots de Philippe Dijan.
Non, car tout comme Incidences, L’amour est un crime parfait m’a simplement ennuyé et c’est
sûrement là son plus grand crime. L’œuvre des frères Larrieu n’est en effet pas
grand-chose d’autre qu’un polar, certes plus ou moins bien mené mais pas tant
que ça, ou du moins pas assez pour ne pas l’avoir oublié à la seconde même ou je suis sorti de la salle.
Elle est en cela quelque part une
fidèle adaptation d’un livre qui ressemblait lui déjà plus à un roman de gare
qu’à une œuvre littéraire, l’original et sa copie ayant toutes deux le même air
de série B bon marché qui ne surprend guère quand l’on connaît l’intérêt de
Philippe Dijan pour les séries télévisées (voir sa série littéraire Doggy Bag). C’est déjà ça.
Pour la magie
du cinéma, on repassera donc.
Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce
A suivre : je ne sais pas, mais sûrement pas un polar
En revanche, il paraît que la version 3D de ce film est vachement bien, mais je n'avais pas les moyens d'investir un euro dans les lunettes. Je me disais bien que l'image était bizarre aussi. |
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