dimanche 19 janvier 2014

L'amour est un crime parfait : Polar mineur


Encore plus qu’une affaire de goûts, il me semble que le cinéma est surtout une affaire de genre. Pour la recette prenne, il faut encore que les ingrédients plaisent en premier lieu ce sans quoi tant d’efforts peuvent être bien vains. L’amour est un crime parfait ne m’a pas vraiment emballé, voilà pourquoi.

Sara Forestier est pressenti pour jouer Mère Teresa dans le prochain Spielberg. Si si.
 
Je n’ai jamais été spécialement fan de polars, autant à l’écran qu’à l’écrit. A part quelques très bons, qui sont au final avant tout de bons films ou bons livres avant d’être de bons polars, c’est un genre qui m’a toujours laissé relativement indifférent, les mêmes mécanismes psychologiques caricaturaux répétés à l’infini me lassant assez vite.

Il est temps de vous avouer, ce que je n’avais pas fait dans l’agenda de la semaine coquin comme je suis, que j’avais déjà lu le fameux roman Incidences de Philippe Dijan qui est donc à l’origine du dernier film des frères Larrieu. J’avais une bonne raison : je ne l’ai pas fini. N’en ayant maintenant que des souvenirs vagues, je serais incapable de dire ce qui m’avait précisément chagriné à l’époque mais je crois que l’ennui y était pour beaucoup. 

En relisant quelques passages au hasard maintenant que j’ai réussi à remettre la main dessus sous une couche de poussière témoignant bien de la considération que je lui porte, la vérité m’apparaît en fait assez clairement : Incidences est un polar terriblement banal sans grande originalité et pas tellement mieux écrit qu’une foule de livres du même genre. Atteint du syndrome Amélie Nothomb, Philippe Dijan publie probablement trop pour que tous ses opus se valent, rien de très étonnant là-dedans.

Pourquoi alors avoir eu l’étrange idée d’aller voir un film directement adapté d’un roman n’ayant pas éveillé chez moi l’ombre d’une étincelle d’intérêt ?

Bonne question. J’imagine que la curiosité de découvrir si le cinéma pouvait surpasser la littérature et transcender une œuvre originale défaillante a beaucoup joué, comme la faible attractivité du reste des longs métrages à l’affiche cette semaine.

L’espace d’un instant, je me suis donc pris à rêver que la magie du cinéma pourrait à ce point opérer que je ressortirais troublé et pris d’un soudaine envie de me replonger dans le roman de Philippe Dijan. L’amour est un crime parfait est en effet un film plutôt habilement réalisé et la présence conjointe d’autant d’acteurs de renom ne peut qu’intriguer.

Curieux casting en réalité et surtout étrange mélange de jeux d’acteurs peu coordonnés. Alors que Sara Forestier et Denis Podalydès, les deux personnages les plus mineurs de ce film, tirent plutôt brillamment leur épingle du jeu confirmant qu’ils sont chacun dans leur genre des valeurs sûres du cinéma national, ce n’est incompréhensiblement pas le cas du reste de cette joyeuse bande. Récitant leur texte au lieu de le jouer parfois à la limite du ridicule, Mathieu Amalric, Karine Viard et Maïwenn ont apparemment pris le plateau pour une scène de théâtre et déclament à la virgule près des dialogues absolument pas crédibles une fois sortis du cadre littéraire. Une bizarrerie particulièrement loufoque à côté de leurs deux camarades réussissant eux à s’approprier ce texte pour en faire quelque chose d’à peu près naturel, à un tel point qu’on finit par se demander si la direction des acteurs n’y est pas pour beaucoup et si les frères Larrieu ne leur ont pas donné des conseils en la matière dont ils auraient pu se dispenser.

Si je force un peu le trait car je m’attendais à tout sauf à être déçu par Mathieu Amalric qui n’a généralement pas de problème pour habiter un personnage, le problème n’est en réalité pas là. Il n’y d’ailleurs pas véritablement de problème, en tout cas rien qui soit vraiment imputable à la réalisation des frères Larrieu ou à leur façon de traduire les mots de Philippe Dijan.

Non, car tout comme Incidences, L’amour est un crime parfait m’a simplement ennuyé et c’est sûrement là son plus grand crime. L’œuvre des frères Larrieu n’est en effet pas grand-chose d’autre qu’un polar, certes plus ou moins bien mené mais pas tant que ça, ou du moins pas assez pour ne pas l’avoir oublié à la seconde même ou je suis sorti de la salle. 

Elle est en cela quelque part une fidèle adaptation d’un livre qui ressemblait lui déjà plus à un roman de gare qu’à une œuvre littéraire, l’original et sa copie ayant toutes deux le même air de série B bon marché qui ne surprend guère quand l’on connaît l’intérêt de Philippe Dijan pour les séries télévisées (voir sa série littéraire Doggy Bag). C’est déjà ça.

Pour la magie du cinéma, on repassera donc.


Note : 6 (Barème de notation)

Pour vous faire votre avis par vous-même : la bande annonce


A suivre : je ne sais pas, mais sûrement pas un polar


En revanche, il paraît que la version 3D de ce film est vachement bien, mais je n'avais pas les moyens d'investir un euro dans les lunettes. Je me disais bien que l'image était bizarre aussi.

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